Logo cession commerce
Christel Teyssèdre

Christel Teyssèdre,
présidente de Saveurs Commerce

Présidente de Saveurs Commerce depuis 2012 (ex UNFD), Christel Teyssèdre nous présente le métier de détaillants en fruits, légumes et primeurs et comment il évolue pour répondre aux attentes des consommateurs.

Par Sophie MENSIOR - le 12/03/18
@smensior

Comment se présente le panorama des détaillants en fruits et légumes ?
12 000 entreprises sont recensées sur ce secteur, que ce soient des commerces sur marché, en magasin, des grandes surfaces de type Grand Frais et des halles couvertes. Environ la moitié exerce  sur les marchés, et l’autre en magasins. Cette profession compte en moyenne 2 à 3 salariés par entreprise. Au total, elle  compte 30 000 actifs (chefs d’entreprise et salariés). En 2014, son chiffre d’affaires s’élevait à 3,5 milliards d’euros. Nous représentons environ 30 % de la distribution de fruits et légumes en France ; la grande et la moyenne distribution et la vente directe constituent les 70 %.
 

Au bout d'un long combat, nous avons réussi à obtenir la création d'un CAP Primeur

Justement, comment évoluez-vous dans cet univers concurrentiel ?
Nous maintenons nos parts de marché. Chaque année,  nous progressons, nous constatons des progressions d’achat dans nos commerces, sur les marchés.
Parmi les tendances de la profession, celle de la fraîche découpe (fruits et légumes lavés, épluchés et découpés) prend de l’ampleur depuis plusieurs années. Les consommateurs sont demandeurs de ce type de produit.  Par ailleurs, ils ont soif de conseils : ils veulent savoir comment cuisiner les fruits et légumes, quelle est leur saisonnalité, ils veulent aussi des produits locaux dans un souci de respecter l’environnement.  Il est donc conseillé  aux primeurs de se former, par exemple par le biais de l’IFCAS, l’organisme de formation de Saveurs Commerce.

Y a-t-il  des conditions  spécifiques pour s’installer ?
Notre plus gros problème c’est que n’importe qui peut s’installer, il n’y a pas de diplôme obligatoire.  Mais au bout d’un combat, qui a duré plus de 20 ans, nous avons réussi à obtenir la création d’un CAP Primeur, tourné vers la vente et la commercialisation de fruits et légumes. Trois classes vont ouvrir à la rentrée 2018.
Les jeunes ne connaissent pas spécialement nos métiers et ne sont pas forcément attirés par eux, contrairement à d’autres professions du commerce alimentaire. En revanche, quand ils viennent par le biais d’un stage, ils veulent rester.

Quels investissements sont nécessaires pour se lancer ?
Tout va dépendre du lieu où vous souhaitez vous implanter. Si c’est sur un marché, l’investissement ne sera pas énorme. Il vous faut au moins un véhicule pour transporter la marchandise, un étal, un barnum, tentes, parasols et un dépôt pour stocker la marchandise avec une chambre froide, soit  entre 20 et 30 000 euros.  En revanche, l’investissement sera plus conséquent s’il s’agit d’un magasin, il faut l’aménager avec une chambre froide, un véhicule. Il faut compter entre 60 et 80 000 euros, voire 100 000 euros.  A noter que les commerçants doivent désormais s’équiper de balances et de logiciels de caisse en conformité avec la nouvelle réglementation.

En termes de financement, quelle est la position du secteur bancaire  vis-à-vis de ce secteur ?
Si le projet est bien construit et que l’apport personnel est suffisant, les banques suivront. De façon générale, elles ne sont pas opposées à nos commerces. D’autres organismes peuvent aider : les chambres de métiers et les Chambre de commerce et d’industrie pour la construction du dossier, mais aussi la Banque de France, Bpifrance, la Siagi…