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Dossiers pour les commerçants et futurs commerçants > Numériser son commerce
Les TPE françaises n’étaient pas très en avance en matière de numérique. Mais la crise du Covid-19 a été en quelque sorte un accélérateur de la digitalisation des commerçants et artisans. Pour maintenir leur activité, ils ont profité de cette période pour renforcer la mise en place d’outils numériques. Qu’il s’agisse des réseaux sociaux, du click and collect, de l’élaboration d’un site Internet…
Des disparités existent selon les secteurs d’activité : hébergement et restauration sont historiquement en pointe, ils arrivent en tête en matière de vente en ligne. D’autres commerces s’y mettent : magasin de jouets, primeur, fleuriste…Le tout étant de trouver des solutions adaptées à son métier et à sa maturité numérique….
Si les pouvoirs publics encouragent cette transition numérique avec des mesures d’accompagnement et des aides financières, certains freins persistent : manque de temps, de compétences, coût financier mais aussi peur du piratage des données…
Face à ces craintes, les TPE et PME ont besoin d’être accompagnées et de bénéficier d’un soutien technique adapté.
La crise sanitaire a incontestablement entraîné une accélération de la numérisation des TPE avec la mise place de différentes solutions. Malgré ces progrès, un certain nombre de freins demeurent : peur de se faire pirater des données, manque de compétences, question des coûts…
Elles étaient souvent pointées du doigt pour leur retard en matière de transformation numérique. Mais avec la crise sanitaire, la situation a évolué et un certain nombre d’entre elles ont entrepris des démarches pour se digitaliser. C’est ce que révèle le premier baromètre de France Num, initiative gouvernementale pour la transformation numérique des TPE-PME, qui analyse leurs comportements dans ce domaine.
Premier enseignement de ce baromètre : la progression très forte du numérique dans les entreprises. 66 % des TPE-PME ont désormais un site Internet présentant leur activité, hors réseaux sociaux, soit 29 points de plus par rapport à l’avant-crise. 43 % ont également une plateforme d’échange de documents en ligne entre collaborateurs (+ 26 points), 29 % font du référencement payant sur Internet (+ 14 points), 33 % ont des outils de collaboration professionnelle (+12 points). Enfin 20 % d’entre elles ont leur propre site marchand de vente en ligne, un score également en hausse de 11 points.
Autre preuve qui montre que la digitalisation est en marche : 81 % des TPE-PME ont au moins une solution de visibilité en ligne (site Internet vitrine, comptes sur les réseaux sociaux ou référencement en ligne). La part de la moyenne du chiffre d’affaires réalisée par la vente en ligne représente désormais 18 %.
La crise sanitaire a eu comme effet d’engendrer une accélération de la numérisation avec le développement de solutions de vente en ligne (réseaux sociaux, sites Internet, click and collect…) et la mise en place accélérée du télétravail. C’est un réel changement de mentalité autour de la place du numérique dans l’entreprise qui s’est fait sentir.
En 2021, 78 % des dirigeants considèrent, en effet, que le numérique représente un bénéfice réel pour leur entreprise, + 10 points par rapport à l’avant-crise, qu’il facilite la communication avec leurs clients (+7 points) et 59 % avec leurs collaborateurs (+ 9 points)
Le baromètre pointe, toutefois, de fortes disparités selon les secteurs d’activité, notamment sur la visibilité et la vente en ligne. Le secteur de l’hébergement et de la restauration, historiquement très tourné vers le numérique, arrive ainsi en tête en matière de vente en ligne. 50 % des entreprises de ce secteur vendent désormais des services ou produits en ligne, soit 23 points de plus par rapport à l’ensemble des TPE/PME. 93 % de ces entreprises ont également un site Internet ou des réseaux sociaux.
En revanche, seulement 9 % des entreprises du secteur du bâtiment et de la construction vendent en ligne et seulement 41 % des entreprises du secteur logistique sont visibles sur le Net. Ces entreprises se tournent plutôt vers les outils de gestion de stock ou de facturation.
Le baromètre constate que certains dirigeants de PME-TPE ont encore des craintes face au numérique et que des nouvelles préoccupations apparaissent. En effet, 18 % des entreprises interrogées n’ont encore aucune solution de visibilité en ligne et 13 % ne prévoient pas d’en acquérir dans les 12 prochains mois.
Les raisons invoquées : la non pertinence par rapport au secteur d’activité, la demande d’efforts continus de mise à jour des informations ou la peur de se faire pirater des données. 44 % des entreprises sondées déclarent avoir peur de perdre ou de se faire pirater des données quand elles utilisent le numérique, elles étaient 36 % avant la crise.
S’il confirme la progression de la numérisation des TPE/PME, notamment grâce aux aides de l’Etat (chèque France Num, diagnostics numériques…), ce baromètre révèle cependant le besoin de poursuivre cette transformation numérique.
La 5ème édition du baromètre Croissance & Digital de l’Acsel, l’association de l’économie numérique, confirme également que les TPE-PME considèrent la numérisation comme un passage inéluctable et près de 2 entreprises sur 5 ont profité de la crise sanitaire pour accélérer dans ce domaine.
Durant cette période, elles ont étendu leurs usages des outils numériques pour soutenir leurs ventes par le recours aux réseaux sociaux (32 %), le développement de sites Internet ou d’application (19 %), l’optimisation du référencement de l’entreprise sur Internet, SEO (9 %).
Si près de 77 % des entreprises interrogées déclarent favoriser leur point de vente physique, 51 % utilisent désormais un ou plusieurs canaux digitaux (réseaux sociaux et sites marchands) pour commercialiser leurs produits et/ou services.
De façon étonnante, le click and collect (commande en ligne et retrait en magasin) n’a été mis en place ou va l’être par seulement 14 % des TPE ! Alors qu’il a permis aux entreprises, qui l’ont déployé, d’enregistrer un maintien de leur activité et de la relation client malgré le contexte sanitaire, une croissance des ventes et une hausse de la fréquentation….
Le baromètre de l’Acsel recense également les freins à la numérisation des TPE/PME. Tout d’abord, 46 % de l’échantillon témoigne d’un manque d’agilité numérique. Quant aux principales difficultés, ce sont les risques liés à la sécurité/ sécurisation des données (55 %), le manque de compétences en interne (49 %), le manque de temps (48 %), les coûts (42 %) …
Cette question des coûts apparaît très fortement dans l’enquête. Paradoxalement au cours de l’année 2021, seulement 5 % des entreprises déclarent avoir fait des demandes de financement. Elles l’ont fait via une subvention ou un dispositif régional ou local (10 %), une aide d’Etat dédiée (9 %), un prêt bancaire (5 %), autre (levée de fonds…) (3 %).
En fait, les entreprises souhaitent des dispositifs de financement plus adaptés, simples et lisibles…Elles attendent notamment une simplification de l’accès aux aides financières, une aide de l’Etat, de la région ou de la Commission Européenne, une meilleure information sur ces aides, une simplification des possibilités d’amortissement des investissements dans le digital ainsi qu’une aide de la commune/municipalité…
Bénéficier d’un accompagnement adapté, surtout un soutien technique, fait partie aussi de leurs attentes.
Pour les artisans, commerçants indépendants et TPE, il n’est pas toujours facile d’entamer une stratégie numérique et de surtout savoir par où commencer. Avoir tout de suite un superbe site de vente en ligne ne s’avère pas indispensable, d’autres actions sont possibles telles que campagnes de SMS, présence sur les réseaux sociaux, gestion des données, réalité virtuelle…Tout va dépendre de votre métier, de votre secteur d’activité et de votre maturité…d’où l’importance de la tester au préalable et d’effectuer un diagnostic avec des experts spécialisés.
Recensés sur le site de France Num, certains commerçants ont commencé à franchir le pas. C’est le cas de Natur’Halles, boutique créée en 2015 par Rémi Langlois, un jeune artisan-primeur en Meurthe-et-Moselle. Pour dynamiser son offre de fruits, légumes charcuterie et fromage, Natur’Halles a commencé par se faire connaître sur les réseaux sociaux, avec une page Facebook, un compte Instagram et sur Twitter…La boutique propose aussi son offre de produits via des applications mobiles, telle une boutique en ligne avec la solution française Rapidle et également l’appli Too Good To Go, qui rend disponible aux consommateurs les invendus alimentaires du jour à un tarif préférentiel.
Rémi Langlois ne manque pas de projets. Il souhaite créer une boutique à 9 minutes de l’emplacement actuel de Natur’Halles, en développant une offre de commerce en ligne couplée à un accueil en boutique.
Les résultats concrets de cette transformation numérique : 15 à 20 % du CA en plus pour la boutique uniquement via la solution de réservation en ligne de produits, 800 personnes inscrites en 1 mois pour l’appli anti-gaspi d’invendus avec de nouveaux clients découvrant le commerce de proximité via cette solution, la fourniture d’un service pratique pour la clientèle et un développement de la clientèle locale en communiquant sur Internet.
Autre exemple : celui de Vert-Tige, boutique d’un jeune artisan fleuriste installé dans une commune de l’Orne. Pour l’ouverture de son magasin en 2018, Julien Tirel a été accompagné par la Chambre de commerce et d’industrie Portes de Normandie, à Alençon et a bénéficié d’un prêt d’honneur par Orne Initiative.
Dès le lancement de son activité, pour faciliter l’encaissement et la comptabilité, le fleuriste s’est doté d’une tablette Symag, qui fait office de caisse enregistreuse. Cette tablette est reliée à la comptable de la boutique, qui possède les données nécessaires pour le bilan et permet au fleuriste de consulter à son gré les ventes, les achats et le stock. La formation à l’utilisation de cette tablette s’est déroulée sur place dans le magasin pendant une journée.
Depuis sa mise en place, le gain de temps est indéniable pour le jeune artisan fleuriste, d’autant qu’il est tout seul dans sa boutique.
Après cette première expérience de numérisation, le fleuriste a mis en place une page Facebook professionnelle. Les Artisans Fleuristes de France l’ont aidé dans cette démarche de visibilité en ligne. Outre le développement de son activité, le fleuriste souhaite être présent sur les marchés.
Les résultats concrets de cette transformation numérique : l’installation d’une caisse enregistreuse numérique innovante, avec assistance, formation sur place et garantie de maintenance. De ce fait, un lien direct et permanent avec la comptable pour faciliter la gestion financière de la boutique. Autre point positif : un gain de temps appréciable pour se consacrer pleinement à l’activité et aux demandes des clients.
Ces exemples montrent bien la diversité des solutions numériques et les bénéfices que commerçants et artisans peuvent en tirer.
Programme télévisé sur la transformation numérique des TPE (commerçants, artisans et indépendants), « Connecte ta boîte » est diffusé sur BFM TV, RMC Découverte, RMC Story et BFM Régions. Le concept : suivre des TPE, accompagnées par des experts, lors de leur passage au numérique. Chaque épisode est consacré à un commerçant ou un artisan…Une commerçante de jouets dans les Pyrénées-Atlantiques s’est prêtée à l’exercice. Fondée en 2008, la boutique propose des jouets neufs et des jouets d’occasion sous forme de dépôt-vente. La gérante passe beaucoup de temps avec des clients, qui souhaitent déposer un jouet d’occasion, puis dans son agenda pour caler un rendez-vous avec eux.
Sa problématique : son site Internet génère peu de ventes, il n’est pas à la hauteur de l’univers de sa boutique et elle perd trop de temps dans les tâches administratives…
Les experts dédiés à cette émission lui proposent de mettre en place un agenda en ligne afin d’automatiser la prise de rendez-vous. L’entrepreneuse indique les créneaux libres et le client choisit en ligne celui qui lui convient. Ils lui suggèrent également la mise en place de la signature électronique pour la conclusion des contrats de vente avec le vendeur du jouet. Autre dispositif : l’installation d’un boîtier à placer sur le comptoir du magasin. S’il le souhaite, le client peut y laisser ses coordonnées, ce qui permet de constituer un fichier client et d’envoyer des promotions.
Par ailleurs, une refonte totale du site est réalisée, avec des couleurs sobres et une hiérarchisation par catégorie de produits.
Un mois après l’installation de ces nouveaux outils, les résultats sont probants. Tous les rendez-vous liés à la vente de jouets d’occasion sont pris en ligne, ce qui fait gagner beaucoup de temps. Avec la signature électronique, 70 % des personnes intéressées pour vendre leurs anciens jouets vont jusqu’au bout de la démarche. Le boîtier a permis de se constituer un fichier client. Enfin, avec la réfection de son site Internet, la commerçante a gagné 5 % de trafic supplémentaire. Un chiffre consolidé par la nouvelle rubrique « retrouve ton doudou », grâce à laquelle l’entrepreneuse vend une peluche par jour !