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Dossiers pour les commerçants et futurs commerçants > Entreprendre dans l'artisanat
Dans un contexte économique compliqué, les artisans se montrent combatifs. S’ils sont inquiets en raison de l’inflation, de la hausse des prix de l’énergie et des pénuries de matières premières, ils veulent maintenir et stabiliser leur activité pour les prochains mois.
La crise sanitaire n’a en rien entamé la motivation des entrepreneurs désireux de se lancer dans l’artisanat. Bien au contraire. Les créations d’entreprise ont fait un bond entre 2019 et 2021. Elles se sont révélées particulièrement dynamiques dans les communes rurales, attirant des personnes en reconversion, qui souhaitaient changer de vie.
Les créations ont été particulièrement importantes dans l’artisanat du bâtiment et des services. Les métiers de bouche (chocolatiers, pâtisseries, fabrication de biscuits…) et les métiers d’art ont également suscité des vocations.
Le secteur regorge de belles histoires, comme celle de la chocolaterie artisanale, Cocoa Valley, une des rares entreprises à produire ses cacaoyers au Cameroun et à transformer ses propres fèves en délicieux chocolats en Haute-Savoie…
Malgré le conflit ukrainien et l’inflation, les artisans veulent stabiliser leur activité pour les six prochains mois. Les cessions d’entreprise restent stables : 14 % des artisans envisagent cette opération, selon la dernière enquête de CMA France.
Malgré les crises qui s’enchaînent, -Gilets Jaunes, crise sanitaire et maintenant la guerre en Ukraine-, l’artisanat reste un secteur dynamique, qui continue à se développer. « Il faut savoir s’adapter en permanence », estime Joël Fourny, président du réseau national des chambre de métiers et de l’artisanat (CMA France).
La preuve par les chiffres : 1,83 million d’entreprises artisanales sont recensées en France, dont 80 000 entreprises supplémentaires au premier semestre 2022. Le secteur réalise 300 milliards d’euros de chiffre d’affaires, réunit 3,1 millions d’actifs, et regroupe 4 familles de métiers (bâtiment, services, production, alimentation). 23 % sont des femmes.
Dans un contexte difficile, les artisans restent confiants. Selon l’étude Qualitest réalisée l’été dernier auprès d’un panel de 2 000 artisans, 73 % d’entre eux prévoient de maintenir leur activité pour les 6 prochains mois, malgré une situation économique dégradée.
Face au conflit ukrainien et à l’inflation, les artisans sont majoritairement inquiets mais restent optimistes (43,7 %). Ce qui leur pose le plus de problème est la hausse du prix du carburant (28,5 %), qui les incite à réduire leurs déplacements (46,2 %). 30 % d’entre eux se sont lancés dans la chasse au gaspillage (extinction de la lumière, baisse du chauffage…). Mais aussi la reprise de l’inflation (18,8 %) ou encore la difficulté d’approvisionnement des matières premières (12,8 %).
Malgré le contexte, les artisans sont combatifs et veulent poursuivre leur activité. Seuls 14 % d’entre eux envisagent de céder leur entreprise. Des cessions qui sont en grande majorité motivées par le départ à la retraite.
Par rapport au premier semestre 2021, 45,6 % des artisans ont vu leur chiffre d’affaires se stabiliser tandis que 21 % d’entre font part d’un CA en hausse. Plus de la moitié d’entre eux (54 %) estime que leur activité va se stabiliser dans les prochains mois ; 18,4 % pensent qu’elle va s’améliorer.
Si l’on se penche sur les 6 derniers mois, les artisans ont continué leur activité sans changement majeur. Près d’un quart des chefs d’entreprise ont continué à se former pendant la crise pour y faire face. Ils sont plus nombreux à avoir suivi des formations dans les secteurs des services et de la fabrication.
Pendant cette période, 23,36% des artisans ont quand même développé leur activité. 23,6 % ont toutefois modifié ou développé la façon de gérer leur entreprise. Ceux qui ont fait évoluer leur activité ont investi dans de nombreux domaines, notamment dans la transition écologique.
Si l’on se projette sur les 6 prochains mois : « Le mot d’ordre est la stabilisation », souligne Julien Gondard, directeur général de CMA France. Plus de la moitié des artisans (54,1 %) prévoient une stabilisation de leur activité contre 47,5 % en 2021, ce qui s’explique par une volonté de prudence des artisans.
Le besoin de formation constitue un enjeu majeur pour les chefs d’entreprise. Un tiers d’entre eux indique avoir des besoins en 2022, principalement dans le numérique, la gestion de l’entreprise, la compréhension des réglementations mais surtout dans la pratique de leur métier pour sécuriser au mieux leur activité.
Pour ceux qui envisagent d’investir au cours du second semestre 2022, les projets à financer sont d’ordre immobilier (40,1 %), suivis de l’achat d’un véhicule (36 %) et le renouvellement ou la modernisation de l’équipement de production (32,2 %).
Autre défi auquel les artisans sont confrontés : le manque de main d’œuvre qui devient critique. Un quart des entreprises artisanales se dit prêt à recruter, l’équivalent de 500 000 emplois…Ceux qui envisagent le plus recruter dans l’année à venir sont issus de l’alimentation et du bâtiment.
L’artisanat est toujours fortement demandeur d’apprentis. 21,7 % des entreprises artisanales se disent prêtes à accueillir un ou plusieurs apprentis dans les six prochains mois. Ce sont également l’alimentation et le bâtiment, qui figurent en première ligne sur le sujet de la formation des apprentis.
S’il est confronté à différents enjeux, il convient de remarquer le dynamisme entrepreneurial de ce secteur. Près de 250 000 entreprises artisanales ont été créées en France en 2021, un chiffre en hausse de 13 % par rapport à 2019, selon le baromètre MAAF-ISM. « La crise sanitaire n’a en rien entamé la motivation des Français désireux de se lancer dans l’entrepreneuriat artisanal. Cette dynamique favorable témoigne de l’attrait toujours intact du secteur de l’artisanat et de la force des vocations qu’il suscite », commente Marielle Vo-Van Liger, directrice marketing et communication de MAAF. Autre chiffre marquant : un entrepreneur sur quatre créé aujourd’hui son entreprise dans l’artisanat.
Les créations se sont révélées particulièrement dynamiques dans les communes rurales où elles ont bondi de 23 % par rapport à 2019. En comparaison, la dynamique est beaucoup plus faible dans les métropoles de plus de 200 000 habitants (+ 13 %).
Deux facteurs peuvent expliquer ce dynamisme dans les milieux ruraux. Tout d’abord, le départ de citadins vers les campagnes et le développement du télétravail, conséquences de la crise sanitaire.
Parmi ceux qui ont fait le choix de s’installer à la campagne, certains y ont sans doute développé une activité artisanale, telle que la vente à distance de produits artisanaux ou des métiers d’art par exemple.
Deuxième facteur : le dynamisme des activités du bâtiment dans les communes rurales. Fortement impacté par la crise sanitaire, le secteur du bâtiment a connu un fort effet de rattrapage en 2021, générant un surcroît de marché. La plupart des entreprises artisanales créées dans les communes de moins de 5 000 habitants sont en effet des entreprises du bâtiment.
La plupart des régions enregistrent une augmentation des immatriculations, selon le baromètre ISM-MAAF. Les plus fortes hausses sont observées dans le Grand Est (+ 27 % par rapport à 2019), les Pays de la Loire (+ 27 % également) et en Bretagne (+ 26 %). Viennent ensuite les régions Bourgogne Franche-Comté, Centre Val de Loire, Nouvelle-Aquitaine et Occitanie, qui affichent une hausse des immatriculations supérieure à 20 %. Les Hauts-de France, la Normandie, l’Auvergne-Rhône-Alpes et la Province-Alpes Côte d’Azur ferment la marche avec des augmentations comprises entre 11 et 15 %.
Seule l’Ile-de-France affiche un recul des créations d’entreprises artisanales (-4 %), qui s’explique par la baisse des immatriculations des taxis-VTC, et plus globalement par la chute des créations dans les activités de service et de fabrication.
La propension à créer une affaire artisanale va varier selon les départements : le taux de création est deux à trois plus élevé dans les départements méditerranéens qu’il ne l’est sur le littoral de la Manche. Les Alpes-Maritimes et le Var sont ainsi les plus entreprenants de France s’agissant d’activités artisanales.
L’artisanat regroupe une vaste palette d’activités. Artisanat du bâtiment et services concentrent la moitié des créations d’entreprises. L’artisanat de l’alimentation fait également recette.
Entre la plomberie, la maçonnerie, la restauration, la boucherie, la coiffure ou l’aide à la personne, peu de points communs ! Et pourtant tous ces métiers, au nombre de 250, font partie de l’artisanat.
Ils sont regroupés en quatre grandes familles : l’alimentation, le bâtiment, la production et les services. Plus de 510 activités différentes sont recensées, des plus traditionnelles (maçonnerie, menuiserie, boucherie…) aux plus modernes (micro-électronique, son et image, génie climatique…) y compris les services (mécanique, coiffure, confection…) et la création artistique (céramique, bijouterie, arts graphique, décoration…). Si l’on se concentre sur les métiers d’art, plus de 38 000 entreprises sont dénombrées. Ils contribuent au rayonnement de la France à l’étranger et symbolisent un certain art de vivre à la française. De plus, ceux-ci représentent un véritable atout pour les territoires en termes de développement et d’attractivité touristique.
Au-delà des métiers classiques traditionnels, il en existe une multitude reposant sur l’innovation qui appartiennent au secteur de l’artisanat. En effet, de nouveaux métiers se développent avec l’apparition de matériaux innovants, des moyens de communication modernes et des technologies de pointe. Les métiers liés à l’éco-construction et à l’isolation, les technologies propres, le traitement des déchets sont en plein essor.
L’artisanat continue d’attirer toujours plus de personnes, notamment en phase de reconversion. Si ce phénomène était déjà important avant le Covid, il a été accéléré par la crise sanitaire, et certaines personnes ont franchi le pas plus rapidement. Une poussée des créations d’entreprises a été constaté : celles-ci ont augmenté de 13 % en 2021 par rapport à 2019.
Le baromètre ISM/MAAF constate que sur l’ensemble des activités qui composent le secteur, les 10 grandes activités de l’artisanat du bâtiment et des services, telles que nettoyage, maçonnerie générale, travaux d’installation électrique, soins de beauté…concentrent à elles seules la moitié des créations d’entreprises en 2021.
Elles enregistrent quasiment toutes une augmentation des immatriculations pour atteindre des niveaux supérieurs à ceux de 2019, à l’exception des activités de taxis-VTC et de coiffure, lourdement touchées par la crise sanitaire.
Les résultats de ce baromètre témoignent de l’attractivité grandissante de l’artisanat de l’alimentation. Par exemple, les activités de fabrication de biscuits ont enregistré une hausse de 46 % des créations d’entreprise par rapport à 2019, de même que les chocolateries (+ 34 %) et les pâtisseries (+ 27 %).
Cette augmentation des créations d’entreprise dans ce secteur confirme le bouleversement des habitudes de consommation des Français ces dernières années, entre avènement des circuits courts, volonté de « manger local » et développement de la consommation nomade. Par ailleurs, la crise sanitaire et les confinements successifs ont conduit un certain nombre d’entre eux à se questionner sur leur carrière professionnelle et à faire le choix de se réorienter vers des métiers de passion comme les métiers de bouche, voire les métiers d’art. Le nombre de créations dans ces métiers du « geste », emprunts d’authenticité, progresse ainsi de 30 % entre 2019 et 2021.
« D’une manière générale, tous les métiers de l’artisanat sont porteurs et le seront durablement du fait du nombre d’entreprises qui sont à reprendre, et ce dans tous les secteurs », estime la Chambre de Métiers et de l’Artisanat. Des opportunités à saisir par les porteurs de projet qui veulent se lancer dans ce domaine.
Près de 21 % des entreprises de proximité ont embauché au premier semestre 2022, contre 18 % au premier semestre 2021, indique le baromètre U2P sur l’embauche dans les entreprises de proximité, réalisé avec l’institut Xerfi-Spécific.
A l’exception de l’artisanat du bâtiment et de l’alimentation, tous les secteurs d’activité ont ainsi augmenté ou maintenu leur niveau d’embauche. C’est dans l’artisanat des services (+ 8 points) et l’artisanat de la fabrication (+ 7 points) que cette hausse est la plus marquée. Les besoins en main d’œuvre sont restés élevés dans l’hôtellerie-restauration, qui conserve le taux d’embauche le plus élevé (31 %).
Cette hausse généralisée des embauches se double même d’une hausse du nombre moyen de salariés recrutés, qui s’établit à 1,8 contre 1,6 au premier semestre 2021. Tous les secteurs d’activité sont concernés, hors l’hôtellerie-restauration.
Toujours selon ce baromètre, les entreprises de proximité ont recruté en majorité en CDI (53 %), les CDD représentant 38 % des contrats de recrutement. « Fidèles à leur ADN, elles continuent à recruter et à former massivement des apprentis et des alternants, qui représentent 9 % des embauches », commente l’U2P dans un communiqué.
Pour autant, note l’organisation professionnelle, les difficultés de recrutement s’accentuent : 35 % des entreprises y sont désormais confrontées, contre à peine 30 % un an plus tôt. Principal motif invoqué : l’absence de candidatures, citée par 71 % des entreprises interrogées « un niveau jamais vu ces cinq dernières années ». En outre, les problèmes de qualification, cités par 51 % des entreprises de proximité, constituent toujours un obstacle majeur à leur développement.