Céder ou transmettre à ses salariés

Mode d’emploi de la transmission interne d’un fonds de commerce

📍 Introduction

Céder son commerce à un inconnu n’est pas toujours la seule voie. De plus en plus de commerçants choisissent de transmettre leur affaire à un ou plusieurs salariés, souvent présents depuis longtemps, déjà formés, et intégrés dans la vie de l’entreprise.

Cette option, longtemps marginale, séduit par sa simplicité relationnelle, sa logique humaine, et sa continuité économique. Encore faut-il en connaître les règles, les avantages… et les limites.

📊 Une option encore peu connue… mais en progression

Moins de 10 % des transmissions de fonds de commerce se font aujourd’hui vers un salarié
Pourtant, plus de 35 % des dirigeants de petites entreprises déclarent qu’ils envisageraient cette option s’ils étaient mieux accompagnés
Les Scop (sociétés coopératives) sont en forte hausse : +20 % en 5 ans dans le commerce de proximité

« On pense souvent à vendre au plus offrant. Mais parfois, le bon repreneur est déjà dans l’équipe. Il connaît le métier, les clients, les fournisseurs. »
— Cécile L., conseillère en transmission à la CMA

👥 Témoignages de transmissions réussies

Didier, 62 ans — boucherie transmise à son apprenti

« Je n’ai pas mis d’annonce. Mon apprenti, que j’ai formé pendant 4 ans, était motivé. Il a trouvé un prêt avec la Banque Populaire. On a fait la passation pendant 6 mois. »

Prix de cession adapté à l’EBE
Accompagnement informel du cédant
Clientèle conservée à 90 %

Isabelle, 58 ans — cession d’un institut de beauté à ses deux salariées

« Elles m’ont proposé de s’associer. J’ai accepté de leur céder le fonds par étapes. Elles ont monté une Scop, j’ai gardé 10 % du capital pendant deux ans. »

Montant : 87 000 €
Transmission progressive
Reprise collective sécurisée juridiquement

⚙️ Modalités possibles de transmission interne

1. Vente directe à un salarié

Contrat de cession classique
Nécessite un financement (prêt bancaire, prêt d’honneur)
Possibilité d’accompagnement temporaire du cédant

2. Création d’une Scop ou d’une Scic

Le salarié ou un collectif rachète l’entreprise sous forme coopérative
Statut avantageux pour certaines aides régionales
Nécessite un accompagnement juridique et comptable solide

3. Location-gérance évolutive

Le salarié gère d’abord le fonds (avec redevance)
Puis, au bout de 12 à 24 mois, rachète le fonds avec preuves de rentabilité
Permet une transmission en douceur

💡 Avantages de la transmission à un salarié

Continuité de l’activité : moins de rupture pour la clientèle
Gain de temps : pas de recherche de repreneur
Confiance mutuelle : le salarié connaît déjà les rouages
Image positive : valorisation sociale de l’entreprise
Parfois plus simple à financer via les réseaux locaux

⚠️ Points d’attention

Tous les salariés ne souhaitent pas ou ne peuvent pas reprendre
Il faut veiller à ne pas déséquilibrer l’équipe en ne proposant qu’à certains
Attention à la clarté des rôles pendant la transition (ex. co-gestion, conseil)
L’encadrement juridique est essentiel pour éviter les tensions

🧭 Accompagnements possibles

Réseau Scop / URSCOP pour les transmissions coopératives
CCI et CMA pour les simulations de valeur, la structuration du projet
Réseau Initiative ou France Active pour les prêts d’honneur
Bpifrance Transmission pour les diagnostics et formations

« Un salarié qui reprend, ce n’est pas un chef d’entreprise du jour au lendemain. Il faut l’accompagner, le former, l’armer. Mais c’est une transmission qui fait sens. »
— Jean-Marc B., ancien boulanger à Rodez

✅ Conclusion

Transmettre à un salarié, ce n’est pas vendre à la va-vite. C’est passer le relais intelligemment, à une personne de confiance, dans une logique de continuité. C’est souvent une issue paisible et valorisante pour le cédant, et une chance unique pour le repreneur.

Encore peu utilisée, cette solution mérite d’être connue, accompagnée et facilitée.

📋 Checklist pour une transmission interne réussie

Identifier un ou plusieurs salariés motivés et stables
Faire une évaluation sérieuse du fonds (EBE, valeur)
Discuter des modalités : vente directe, Scop, location-gérance
Anticiper l’accompagnement post-cession
Solliciter des aides au financement et à la structuration
Prévoir une clause de retour si la reprise échoue