AccueilActualité du commerce à la une  > Cocoa Valley : l’art du chocolat du Cameroun à la Haute-Savoie

Cocoa Valley : l’art du chocolat du Cameroun à la Haute-Savoie

Par Sophie MENSIOR -  
Le 11/10/22

C’est une histoire pour le moins originale que celle de Carine et Serges Ngassa, les créateurs de Cocoa Valley. Rien ne les prédestinait au départ à se lancer dans cette aventure. Ils se rencontrent en 2007 lors d’une mission humanitaire au Cameroun chez Médecins sans frontières. Camerounais, Serges y travaille comme logisticien et Carine, suissesse, comme infirmière. En 2011, ils acquièrent leurs premières terres arables, sur lesquelles ils plantent des cacaoyers et bananiers plantains, en suivant les principes de la permaculture, agriculture durable sans engrais chimique ni pesticide. Une ferme d’élevage est installée au cœur de la plantation.

En 2016, ce sont les premières récoltes de fèves de cacao, le concept de « farm to bar », c’est-à-dire de la plantation à la tablette de chocolat, voit le jour. Cocoa Valley développe son savoir-faire avec un procédé minutieux de fermentation et de séchage puis de torréfaction. Afin de maîtriser sa filière de A à Z, Serges Ngassa se forme à la torréfaction et à la chocolaterie.

Le projet franchit une nouvelle étape en 2018 : les fèves de cacao sont importées pour leur transformation dans leur laboratoire situé en Haute-Savoie, à Villaz près d’Annecy. Du chocolat sous toutes ses formes y est créé : noir, blanc, au lait, tablettes, palets, pâtes à tartiner…L’entreprise s’emploie à produire des chocolats de qualité, travaillés avec des sucres vierges, à l’indice glycémique moins élevé. Elle recourt à des matières premières nobles telles que la noisette du Piémont IGP Bio, la vanille de Bourbon de Madagascar…Aucun produit artificiel n’est utilisé dans les recettes. Les récompenses arrivent vite : le collège Culinaire de France leur décerne la distinction de « Producteur-Artisan de qualité 2019 », une certification Bio est acquise en 2021.

Les produits sont vendus aux particuliers dans les deux boutiques attenantes aux laboratoires, à Villaz et à Epagny (74), ainsi qu’aux professionnels, en direct. Une boutique en ligne complète ce dispositif. En 2022, un réseau de revendeurs s’est développé dans des épiceries fines, dans l’arc alpin, qui va de Neufchâtel à Nice.

Du chocolat « sur-mesure » pour les chefs étoilés

Afin de se faire connaître, Cocoa Valley a noué des partenariats avec des chefs étoilés et des restaurateurs de la région. Les chefs sont invités pendant une dizaine de jours au Cameroun pour découvrir la plantation et travailler à la conception d’un chocolat « sur mesure », élaboré selon leurs demandes. « Chaque chef choisit sa fermentation… », raconte Serges Ngassa.

L’entreprise mène aussi des opérations de promotion. A l’occasion de la dernière fête des mères, l’artisan chocolatier s’est allié avec un joaillier à Genève, pour proposer un jeu-concours plutôt attractif. Cocoa Valley a mis en vente 1008 boîtes de ses meilleurs chocolats. Dans l’une d’elles se cachait un bon cadeau pour une bague sertie d’un diamant, d’une valeur de 15 000 € !

Vingt personnes sont employées en France, quarante au Cameroun, et jusqu’à 200 pendant les récoltes, qui ont lieu en octobre et en juin. 114 tonnes de fèves de cacao sont récoltées par an.

Cocoa Valley ne manque pas de projets : une nouvelle boutique doit ouvrir en décembre  2022 à Genève, et une autre Paris en 2023. Au Cameroun, la ferme poursuit son développement, avec la culture de cacahuètes et de canne à sucre, ce qui permet à  Cocoa Valley de fabriquer son propre sucre. Par ailleurs, le « label farm to bar » fait des émules : 13 nouveaux planteurs l’appliquent sur leurs terres. « Au total, l’entreprise fait vivre 4 900 personnes dans le monde », se réjouit Serges Ngassa. Une belle histoire, qui conjugue entrepreneuriat, humanisme et démarche éco-responsable.