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Gestion des impayés : comment réagir efficacement face aux mauvais payeurs ?

Par Lucie Simoneau -  
Le 22/05/25

Chaque année en France, les retards de paiement et les impayés pèsent lourdement sur la trésorerie des commerçants. Qu’il s’agisse d’un client ponctuellement en difficulté ou d’un mauvais payeur récurrent, la gestion de ces situations demande beaucoup de doigté et surtout une stratégie efficace pour éviter que la situation ne s’aggrave. Alors, comment réagir efficacement face aux impayés et quels sont les réflexes indispensables à adopter ? Enquête et conseils pratiques.

Les impayés : un fléau économique bien réel pour les commerçants

En France, selon l’Observatoire des délais de paiement, les retards et impayés représentent chaque année plusieurs milliards d’euros de pertes pour les entreprises, touchant particulièrement durement les TPE et PME commerçantes. Concrètement, ces impayés affectent directement la trésorerie, pouvant compromettre la pérennité même d’un commerce.

Anne-Lise Moreau, propriétaire d’une boutique de vêtements à Tours, témoigne :

« Les retards de paiement de certains clients réguliers, notamment lors des périodes difficiles économiquement, nous mettent en réelle difficulté. Chaque impayé est une somme bloquée, ce qui rend le paiement de nos propres fournisseurs et de nos charges très compliqué. »

Face à ce constat, il est crucial d’agir vite, mais surtout de manière appropriée.

Réagir rapidement : une nécessité absolue

Plus la gestion des impayés est tardive, plus il est difficile d’obtenir un règlement rapide. Face à un retard de paiement, la réactivité est essentielle. Dès le premier jour de retard, il est recommandé d’engager une première relance, de préférence amiable.

Nicolas Berthier, artisan-commerçant en mobilier à Bordeaux, explique :

« À mes débuts, j’avais tendance à attendre plusieurs semaines avant de relancer un client par peur de détériorer nos relations. Aujourd’hui, dès qu’un paiement tarde, je prends contact gentiment mais fermement. Résultat : la plupart des retards sont réglés rapidement sans conflit particulier. »

Relance amiable : maintenir une bonne relation commerciale

La première étape est donc toujours une relance amiable : elle peut être téléphonique, par mail ou courrier simple. Cette démarche permet souvent de clarifier rapidement la situation, notamment lorsque l’impayé est dû à un oubli ou une erreur administrative chez le client.

Pour cette relance, un ton ferme mais cordial est conseillé :

  • rappeler clairement les éléments (montant, date d’échéance, numéro de facture),
  • demander une date précise pour le règlement,
  • proposer éventuellement un étalement si le client rencontre une difficulté ponctuelle.

Formaliser les relances écrites : un impératif juridique et commercial

En l’absence de réaction ou de règlement après cette relance amiable, il devient essentiel d’adresser une relance écrite formelle, idéalement en recommandé avec accusé de réception. Cette lettre, appelée aussi « mise en demeure », permet de sécuriser juridiquement la démarche tout en montrant au client que vous êtes prêt à engager des actions concrètes si nécessaire.

Sylvie Lacroix, gérante d’une épicerie fine à Lyon, confirme l’importance de la formalisation :

« J’utilise systématiquement des courriers recommandés après la première relance infructueuse. Cette méthode, très formelle, incite généralement le client à réagir vite, d’autant qu’il sait que ce document a une valeur juridique. »

Quelles solutions amiables privilégier avant une procédure contentieuse ?

Avant de passer à une procédure judiciaire, souvent coûteuse et longue, il existe des solutions amiables très efficaces :

  • L’échelonnement des paiements : idéal pour un client sérieux mais momentanément en difficulté. Un plan précis doit être signé par les deux parties.
  • La médiation commerciale : intervention d’un médiateur professionnel qui aide à trouver un accord équitable.

Marc Déville, médiateur commercial expérimenté à Rennes, témoigne :

« Dans 80 % des cas, la médiation permet de trouver une solution rapide et satisfaisante. Cela préserve les relations commerciales tout en assurant une récupération plus rapide de l’argent dû. »

Quand et comment engager une procédure judiciaire ?

Si les tentatives amiables échouent, il reste la procédure judiciaire. Elle doit cependant être envisagée uniquement lorsque le montant impayé le justifie, compte tenu des frais et délais associés.

Parmi les recours les plus courants :

  • L’injonction de payer : procédure rapide et peu coûteuse auprès du tribunal compétent (tribunal de commerce ou tribunal judiciaire).
  • Le référé provision : utile en cas d’urgence si la créance est incontestable.
  • La procédure au fond : plus longue mais parfois indispensable si la créance est contestée.

Romain Pichard, avocat spécialisé dans les procédures commerciales à Paris, précise :

« L’injonction de payer est souvent la solution la plus efficace pour récupérer rapidement une créance. Le juge statue généralement en quelques semaines. Mais pour être recevable, votre dossier doit être parfaitement préparé avec toutes les preuves écrites (facture, bon de commande, relances). »

Prévenir les impayés : la meilleure stratégie

La prévention reste l’arme la plus efficace contre les impayés. Voici quelques bonnes pratiques à adopter systématiquement :

  • Clarifier dès le départ les conditions de paiement, affichées et acceptées par écrit (bons de commande, devis).
  • Exiger des acomptes, notamment pour les montants élevés ou les nouveaux clients.
  • Utiliser des outils modernes de paiement sécurisé (prélèvement automatique, paiement en ligne sécurisé, ou garantie bancaire pour les gros montants).
  • Réaliser un suivi rigoureux de la facturation et une veille systématique sur les échéances.

Bernard Leblanc, directeur d’une quincaillerie à Lille, partage son expérience réussie en prévention :

« Depuis que nous imposons un acompte de 30 % systématique sur toute commande supérieure à 500 €, nos problèmes d’impayés ont baissé de plus de 70 %. »

Conclusion : gérer efficacement les impayés, une question d’organisation

Faire face aux impayés exige méthode et rigueur. En étant réactif dès le premier jour, en utilisant systématiquement les relances écrites et en n’hésitant pas à recourir à des procédures légales lorsque nécessaire, les commerçants peuvent limiter très sensiblement les dégâts financiers liés aux impayés. Enfin, miser sur la prévention, c’est aussi préserver la relation commerciale tout en sécurisant la trésorerie de son activité.

Les retards de paiement ne sont pas une fatalité, à condition d’être bien préparé et organisé face à ce défi du quotidien commerçant.