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Micro-entreprise, EI ou SARL : quel statut pour lancer ou reprendre un commerce ?

Par Lucie Simoneau -  
Le 18/04/25

Choisir la bonne structure juridique est un moment crucial pour tout commerçant, qu’il s’agisse d’une création ou d’une reprise de commerce. Ce choix influe non seulement sur la fiscalité, la protection du patrimoine personnel et les obligations comptables, mais aussi sur la capacité à se développer ou à s’associer à l’avenir. En 2025, alors que les formes juridiques évoluent et que les situations des entrepreneurs se diversifient, comment s’y retrouver entre micro-entreprise, entreprise individuelle (EI) et société à responsabilité limitée (SARL) ? Décryptage des avantages, limites et usages concrets, avec les témoignages de commerçants passés par ces différentes étapes.

Micro-entreprise : simplicité, fiscalité légère, mais limites de croissance

La micro-entreprise (anciennement auto-entreprise) reste plébiscitée pour débuter une activité commerciale, notamment dans les métiers de bouche, la vente ambulante ou l’e-commerce local. Son principal atout : une simplicité de gestion inégalée. Pas de bilan comptable obligatoire, un régime fiscal ultra simplifié avec versement libératoire de l’impôt sur le revenu, et un calcul des cotisations sociales sur la base du chiffre d’affaires réel.

“J’ai lancé ma boutique de fleurs avec le statut de micro-entreprise, car je ne voulais pas me surcharger administrativement au départ”, raconte Lina, fleuriste dans l’Hérault. “Cela m’a permis de tester mon activité sans trop de risques.”

Ce statut présente toutefois des plafonds stricts : 188 700 € de chiffre d’affaires pour la vente de marchandises (seuil en 2025). En cas de dépassement ou de besoin de recruter, il devient impératif de basculer vers une structure plus robuste. Autre limite : la micro-entreprise ne permet pas de déduire ses charges réelles, ce qui peut fortement pénaliser les commerçants avec des coûts d’achat ou de structure élevés.

“Je faisais 140 000 € de chiffre avec une marge faible, et je payais mes cotisations sur le chiffre brut. J’ai vite compris qu’il fallait changer de statut”, explique Xavier, commerçant en alimentation fine.

Entreprise individuelle (EI) : un compromis avec protection du patrimoine

L’EI a beaucoup évolué ces dernières années. Depuis 2022, l’ensemble du patrimoine personnel est protégé par défaut, sauf volonté expresse de le rendre saisissable, ce qui a rendu ce statut beaucoup plus attractif pour les commerçants.

Elle permet de déduire ses charges, d’amortir son matériel, et fonctionne à l’impôt sur le revenu (avec option possible pour l’impôt sur les sociétés). Elle reste facile à créer et à gérer, tout en offrant plus de souplesse que la micro-entreprise.

“J’ai transformé ma micro-entreprise en EI dès ma deuxième année”, confie Amélie, gérante d’un dépôt-vente textile dans le Loiret. “Je voulais avoir la main sur mes charges et être crédible auprès de fournisseurs qui demandaient des factures détaillées.”

Ce statut reste cependant personnel : impossible de s’associer, de céder des parts ou de faire entrer des investisseurs. Et l’image de l’EI peut parfois être perçue comme moins sérieuse dans certains secteurs, notamment dans le B2B ou les franchises.

SARL : la structure solide pour les projets ambitieux ou en reprise

La Société à Responsabilité Limitée (SARL), ou sa version unipersonnelle (EURL), reste le statut de référence pour les reprises de fonds de commerce, les projets nécessitant un financement, ou impliquant plusieurs associés. Elle permet une distinction nette entre patrimoine personnel et professionnel, offre une souplesse fiscale (IR ou IS), et une capacité à évoluer : embauche, levée de fonds, revente de parts, transmission facilitée.

“Quand j’ai repris une boulangerie en zone rurale, la banque m’a clairement dit que le montage en SARL rassurait les partenaires”, témoigne Houssem, artisan-boulanger dans le Lot. “Cela me donne aussi la possibilité d’intégrer mon frère comme associé dans deux ans.”

Ce statut nécessite en revanche une gestion comptable complète : bilan, comptes annuels, assemblées générales. Le dirigeant majoritaire est affilié au régime des indépendants, avec une couverture sociale moins favorable que le régime général, sauf s’il opte pour une SAS.

“C’est plus lourd qu’une micro, c’est sûr, mais on est pris au sérieux”, résume Karine, qui a monté une boutique de déco en SARL avec une amie. “Et ça nous sécurise en cas de conflit ou de changement de cap.”

Le statut idéal n’existe pas, mais le bon statut existe pour chaque projet

Le choix du statut doit être adapté au projet, au secteur d’activité, au niveau d’investissement et aux objectifs personnels. Un commerçant testant une activité saisonnière ou itinérante pourra démarrer en micro-entreprise, tandis qu’un repreneur de fonds de commerce optera plutôt pour une SARL ou une SAS.

Les experts conseillent de ne pas se focaliser uniquement sur la fiscalité, mais de prendre en compte :

  • Le besoin de protection patrimoniale
  • Les perspectives de croissance ou d’association
  • Les obligations comptables et administratives que l’on est prêt à assumer
  • Le mode de financement envisagé (fonds propres, emprunts, partenaires)

“Beaucoup de porteurs de projets changent de statut dans les deux premières années”, constate un conseiller BGE. “L’essentiel est de démarrer avec une structure qui n’entrave pas l’élan, puis d’évoluer.”

Vers une simplification ? L’État tente de clarifier le paysage

Face à la complexité du millefeuille juridique, plusieurs réformes récentes ont cherché à harmoniser et simplifier les statuts. La suppression du statut d’EIRL, la protection automatique du patrimoine personnel en EI, ou encore les aides à la transition de micro-entreprise vers la société témoignent de cette volonté.

Des outils comme le guichet unique des formalités, mis en place en 2023, permettent aussi d’enregistrer plus facilement sa structure. Mais le conseil personnalisé reste essentiel. “Il ne faut pas hésiter à consulter un expert-comptable ou un conseiller CCI avant de se lancer”, rappelle l’ADIE. “Un bon statut, c’est celui qui s’ajuste à votre réalité.”