Accueil >
Dossiers pour les commerçants et futurs commerçants > Commerces : les défis à relever
A peine sortis de la crise sanitaire, les commerçants et artisans se trouvent confrontés à de nouveaux défis : la hausse du prix des matières premières et l’augmentation des coûts énergétiques.
Ces deux phénomènes impactant plus particulièrement café-hôtels-restaurants et commerces de proximité, tels que les boulangers. A cela viennent s’ajouter les difficultés de recrutement. Réussir sa transition numérique fait également partie des enjeux majeurs.
Pour les soutenir face à la hausse des coûts énergétiques, l’Etat a mis en place un certain nombre de mesures. Certains dispositifs sont connus, comme le bouclier tarifaire, d’autres le sont moins. Un travail de pédagogie et d’information reste encore à mener.
Si la croissance est restée positive en 2022, résultant d’un retour à la normale après le Covid-19, les chefs d’entreprise se déclarent inquiets pour les six premiers mois de l’année 2023.
Cependant, malgré tous les obstacles, l’envie d’entreprendre est la plus forte. Plus que jamais, les entrepreneurs apprécient leur indépendance et d’être leur propre patron.
Après la crise sanitaire, les commerçants et artisans doivent maintenant affronter la hausse des coûts énergétiques et l’inflation. S’ils sont impactés dans leur activité, certains ont mis en place des mesures pour maintenir leur niveau d’activité.
La situation n’est pas de tout repos pour les entreprises de proximité. Alors que la crise sanitaire est en train de s’éloigner, l’inflation et la guerre en Ukraine sont venues, de nouveau, les fragiliser.
Si l’on brosse un panorama de la situation économique, la croissance économique a atteint 2,6 % en France en 2022, selon une première estimation de l’Insee. Ce qui démontre, malgré tout, une résilience de l’économie face à la résurgence épidémique causée par le variant Omicron et les effets de la guerre en Ukraine, déclenchée fin février.
L’année 2022 a, en effet, été marquée par le retour de la hausse des prix à des niveaux inédits depuis les années 1990. Les tensions sur les prix internationaux des matières premières ont causé une inflation en augmentation continue sur l’année 2022, qui s’établirait en moyenne annuelle à 6 %. En 2023, elle devrait se situer de nouveau à 6 % en moyenne annuelle mais avec un pic au premier semestre, puis une décrue sur le reste de l’année. En 2024, l’inflation se replierait encore pour revenir en fin d’année et en 2025 aux environs de 2 %.
Pour les entreprises, les contraintes ont donc été nombreuses : freins à l’approvisionnement et au recrutement, tensions sur les coûts de l’énergie et les coûts d’exploitation, dans un contexte de résurgence de l’inflation.
La CCI (Chambre de commerce et d’industrie) Paris Ile-de-France a mené une enquête début 2023 auprès d’entreprises franciliennes, dont 83 % ont moins de 10 salariés, pour connaître l’impact de la hausse des coûts de l’énergie sur leur activité. Selon cette étude, la hausse de ces coûts énergétiques a eu un effet important voire très important sur l’activité pour 52 % des entreprises. Ce score monte à 75 % pour les CHR (Cafés-hôtels-restaurants) et à 62 % pour les commerces et services de proximité.
Pour 43 % des entreprises, cela se traduit par une augmentation d’au moins 50 % du montant de leur facture (60 % pour les CHR).
Ainsi 87 % des entreprises jugent que leur rentabilité est directement affectée par cette hausse. 28 % d’entre elles considèrent même que leur avenir est compromis à court terme.
Néanmoins, plus de la moitié de ces entreprises ont été promptes à réagir : 52 % ont engagé des mesures telles que des plans d’économie d’énergie (52 %), la baisse de la rémunération du dirigeant (48 %) ou encore la hausse des prix de vente (44 %). D’autres mesures sont également envisagées telles que le changement du contrat d’énergie/de fournisseur (40 %), la hausse des prix de vente (39 %) et le report d’investissements prévus (35 %).
Quant à la connaissance des dispositifs d’aide publique, elle reste très hétérogène. Deux tiers d’entre elles connaissent, par exemple, le bouclier tarifaire, pour les TPE de moins de 10 salariés et de 2 millions d’euros de chiffre d’affaires, et les tarifs régulés de l’électricité. En revanche, seulement 43 % ont connaissance du guichet d’aide au paiement des factures de gaz et d’électricité. Mais seules 16 % des entreprises ont finalement eu recours à l’un des dispositifs publics…
Pour les six prochains mois, le pessimisme est plutôt de mise, que ce soit pour l’activité de l’entreprise, 69 % des chefs d’entreprise sont inquiets ou très inquiets, ou l’économie française dans son ensemble, 87 % des chefs d’entreprises sont inquiets ou très inquiets.
Les principales problématiques anticipées par les entreprises pour l’année 2023 sont la diminution du nombre de clients, la hausse des prix généralisée et la baisse d’activité.
« Plus d’un chef d’entreprise sur deux que nous avons interrogés nous a déclaré que la hausse des coûts de l’énergie a eu un impact important ou très important sur son activité. C’est pour cela que la CCI Paris Ile-de-France a décidé de faire de ces questions une priorité », souligne Dominique Restino, président de la CCI Paris Ile-de-France.
De son côté, l’Union des entreprises de proximité, qui représente les commerçants, artisans et professions libérales, a constaté, malgré un léger ralentissement en fin d’année, une croissance positive en 2022, « pour l’essentiel du fait du niveau d’inflation », selon l’organisation professionnelle.
Au quatrième trimestre 2022, les entreprises de proximité ont enregistré une croissance identique à celle du 3ème trimestre, à 4 %, après 8,5 % au premier trimestre et 6,5 % au deuxième.
La croissance est tirée plus particulièrement par les bonnes performances du commerce alimentaire de proximité et de l’hôtellerie-restauration (+ 6%) et celles de l’artisanat (+5,5 %). « Ces résultats s’inscrivent dans le mouvement de normalisation observée après l’envolée de l’activité post crise sanitaire », commente l’Union des entreprises de proximité.
En ce qui concerne la trésorerie, un quart des chefs d’entreprise constate une détérioration de celle-ci au cours du dernier trimestre 2022. Tandis que 14 % d’entre eux constatent une amélioration.
Pour le premier trimestre 2023, près de 27 % des artisans, commerçants et professionnels libéraux s’attendent à une baisse de leur chiffre d’affaires. Ce sont les entreprises du commerce alimentaire et de l’hôtellerie-restauration, qui se montrent les plus pessimistes, en raison de l’inflation élevée et de ses conséquences sur le pouvoir d’achat de leurs clients. Seulement 12 % des entreprises anticipent une hausse.
Comme dans l’enquête menée par la CCI Paris Ile-de-France, la tendance est donc « à une montée de l’inquiétude des chefs d’entreprise », souligne l’U2P. Pour son président Dominique Métayer, « la croissance de nos activités de proximité résulte assez largement de l’inflation. Nous devons répercuter autant que possible les surcoûts que nous subsistons sur nos prix afin de maintenir un niveau de marges acceptable. Restons concentrés par ailleurs sur nos priorités : besoins de compétences et difficultés de recrutement, coûts de l’énergie, transitions numérique et écologique ».
Face à la crise énergétique, l’Etat a mis en place un dispositif de soutien pour les TPE-PME. Reste à savoir pour elles à quel type de mesures elles ont droit…Certaines régions proposent également des aides ciblées.
Lors de la crise sanitaire, l’Etat a mis en place un certain nombre d’aides pour soutenir les entreprises (PGE, fonds de solidarité, chômage partiel, report des cotisations sociales …). Petit à petit, les mesures généralisées ont été arrêtées pour s’orienter vers des mécanismes plus ciblés. Mais face la flambée des coûts de l’énergie, engendrée par la guerre en Ukraine, l’Etat a, de nouveau, mis en place une série de mesures pour aider les TPE/PME.
En ce qui concerne les TPE, elles peuvent avoir droit au bouclier tarifaire. Ce dispositif permet de contenir la hausse des prix de l’électricité à 15 % à partir du 1er février 2023. Pour en bénéficier, l’entreprise doit avoir moins de 10 salariés, un chiffre d’affaires inférieur à deux millions d’euros et un compteur l’électrique d’une puissance inférieure à 36 kVA. Elle doit alors se rapprocher de son fournisseur d’énergie et lui transmettre une attestation sur l’honneur d’éligibilité.
Par ailleurs, les TPE de moins de 10 salariés, dont le CA n’excède pas 2 ME, qui ont renouvelé leur contrat de fournitures d’électricité au second semestre 2022 et qui ne bénéficient pas du tarif de vente réglementé, ont le droit au tarif garanti plafonné à 280 MWh pour l’électricité uniquement.
Pour en bénéficier, l’entreprise remplit une attestation indiquant qu’elle souhaite une renégociation de son contrat d’électricité. Ce formulaire devra ensuite être renvoyé à son fournisseur d’électricité.
Autre dispositif entré en vigueur au 1er janvier 2023 : l’amortisseur électricité. Il permet d’être protégé si l’entreprise a signé des contrats d’énergie plus élevés, avec un plafond d’aide unitaire renforcé. Ce plafond est défini par un indicateur présent sur les factures et devis appliquées par les fournisseurs d’énergie.
Si l’entreprise a un prix unitaire de la part énergie de 350 euros/MWh (0,35 euros/kWh), l’amortisseur électricité permet de prendre en charge environ 20 % de la facture totale d’électricité.
Les entreprises éligibles : les TPE et PME de moins de 250 salariés, les entreprises non éligibles au bouclier tarifaire et dotées d’un compteur électrique d’une puissance supérieure à 36 KVA.
Le guichet d’aide au paiement des factures de gaz et d’électricité complète ce dispositif. Depuis le 1er janvier 2023, toutes les TPE et PME éligibles au dispositif de l’amortisseur électricité et qui rempliraient toujours après prise en compte du bénéfice de l’amortisseur, les critères d’éligibilité au guichet d’aide au paiement, peuvent également déposer une demande d’aide et cumuler les deux aides.
Sont donc éligibles à ce guichet les TPE et PME, dont les dépenses d’énergie représentent 3 % du chiffre d’affaires en 2021, après prise en compte de l’amortisseur, et dont la facture d’électricité après réduction perçue via l’amortisseur connaît une hausse de plus de 50 % par rapport à 2021.
Les TPE et PME peuvent également demander l’étalement de leurs factures d’énergie. Cette mesure est pour le moment possible jusqu’à l’été. Pour en bénéficier, elles doivent se rapprocher de leur fournisseur d’énergie. Elles peuvent également demander le report du paiement de leurs impôts et cotisations sociales pour soulager leur trésorerie.
Si ce dispositif a été mis en place pour soutenir les TPE et les PME, il n’est pas toujours facile pour elles de savoir à quelles aides elles ont droit…Selon Bercy, début février, seulement 30 % des entreprises concernées avaient fait une demande d’aides…
Numériser son entreprise fait partie des défis que doivent relever les TPE-PME. Si la perception des bénéfices reste très positive, un certain nombre de craintes émergent chez les chefs d’entreprise.
Pour les TPE-PME, réussir sa transformation numérique n’est pas chose aisée…Manque de temps, d’argent, de compétences…les freins sont nombreux ! Toutefois la situation évolue, comme en témoigne la seconde édition du baromètre France Num, qui mesure les progrès réalisés par les TPE/PME dans leur numérisation et identifie les freins et leviers afin d’accélérer ce processus.
La perception par les dirigeants du numérique et de ses bénéfices reste très positive en 2022. Ainsi 81 % des dirigeants sondés considèrent que le numérique représente un bénéfice réel pour leur entreprise, contre 78 % en 2021 et 68% en 2020.
Pour 59 %, il facilite la communication avec les employés ou collaborateurs et pour 78 % des répondants, il améliore la communication avec les clients. Ces chiffres sont stables par rapport à 2021. 85 % des entreprises interrogées connaissent le cloud et l’utilisent.
Mais la peur d’être victime d’un acte de cybermalveillance reste forte et d’autres craintes, notamment relatives à l’efficience des outils numériques, augmentent. 44 % des dirigeants interrogés disent craindre de perdre ou de se faire pirater des données. Pour autant, ils ne sont pas attentistes : le taux d’équipement en solutions de cybersécurité progresse de 5 points pour atteindre 81 %. En parallèle des craintes émergent : 23 % des entreprises (+ 6 points) estiment que le numérique nuit à la relation avec leurs clients et leurs employés, 19 % pensent qu’il leur fait perdre du temps (+ 7 points) et la part des TPE/PME qui considèrent que le numérique leur permet de gagner de l’argent diminue sensiblement (de 41 % à 37 %).
La présence des entreprises sur Internet s’amplifie, selon le baromètre France Num : 86 % des entreprises recourent au moins à une solution de visibilité en ligne (+ 5 points). La priorité est donnée au site Internet présentant l’activité de l’entreprise et aux actions de référencement gratuit sur les moteurs et annuaires pour améliorer sa visibilité.
Aujourd’hui, seuls 14 % des répondants ne sont pas visibles en ligne. Parmi ceux-ci, près d’un sur deux estime que ce n’est pas pertinent pour son activité, notamment dans les secteurs de l’agriculture et des activités financières.
A noter que la proportion d’entreprises, qui ont un ou plusieurs comptes de réseaux sociaux, fléchit légèrement (-3 %) pour s’établir à 61 %. Parmi celles qui n’ont pas de comptes de réseaux sociaux, 52 % jugent que ce n’est pas pertinent pour leur activité et 36 % (-7 points) n’en perçoivent pas les bénéfices en termes de visibilité en ligne. Le recours au référencement payant baisse également de 4 points avec 25 % d’entreprises y ayant recours.