Si certaines femmes décident de mettre entre parenthèses leur désir de maternité, la plupart se refusent à faire un choix : « Elles ne consacrent pas 100 % de leur vie à leur entreprise, confirme Marielle Frick, de l’association Action’elles. La rentabilité n’est pas l’objectif premier : elles sont prêtes à diminuer leurs gains pour garder une liberté d’agir, de décider et de s’organiser comme elles le souhaitent, notamment par rapport aux enfants. »
Devenir leur propre patron leur offre une plus grande liberté de gestion du temps et une meilleure organisation du travail. Décision choisie pour certaines, elle peut aussi être subie. À l’instar des hommes, nombreuses sont celles à ne pas trouver du travail passé la quarantaine. Elles se tournent alors vers l’entrepreuneuriat, appréhendé avec prudence, méthode et… intuition féminine !
« Elles perçoivent davantage le risque que les hommes, note Valérie Weill, de createuo.fr. Elles ont moins tendance à partir la fleur au fusil. » Une récente enquête réalisée par Florèscens sur les différences entre les deux sexes devant l’entreprise met en lumière des freins récurrents chez les femmes. À commencer par la crainte d’un manque de légitimité : « Elles ont peur de ne pas être à la hauteur, précise Bénédicte Sanson, de Florèscens. Mais elles sont juste différentes ! »
Humbles, elles consacrent du temps à la constitution du projet en amont comme Frédéricque Delahaye qui a repris un magasin de chaussures à Saint-Etienne. Consciencieuse, elle réalise, une étude de marché complète du secteur, mais aussi les zones de chalandise, les flux sur Saint-Étienne. Elle interroge également le groupe Vivarte qui regroupe 20 grandes marques pour mieux connaître leurs positionnements.
La difficulté à trouver des clients est la principale appréhension des femmes d’après l’étude de Florèscens : « Étant très conscientes des enjeux financiers, elles craignent de ne pas avoir suffisamment de passage ou d’avoir mal ciblé leur clientèle, approuve Valérie Weill. Elles ont moins de facilité à se confronter au terrain, à aller à la pêche aux informations, à négocier avec les fournisseurs, notamment à être fermes sur les conditions de paiement. »
Des inquiétudes qui sont un gage de réussite pour la créatrice de createuo.fr : « Elles ciblent en réalité très bien leur clientèle et surtout n’ont pas peur de se réadapter en permanence, rassure-t-elle. Elles sont plus attentives, réactives et enclines à écouter les critiques. Mais elles manquent parfois d’audace pour s’imposer sur un marché concurrentiel. »
Elles sont avant tout raisonnables pour Marielle Frick : « Elles ne vont pas partir sur des investissements qu’elles ne pourront pas rembourser. Elles font preuve de beaucoup de pragmatisme en ayant très bien évalué le risque, assure-t-elle. Elles avancent, du coup, plus lentement, mais avec plus de certitude. » Une attitude de nature à rassurer l’établissement bancaire.
Après avoir été longtemps circonspects à leur égard, il semblerait que les banquiers soient désormais mieux disposés : « Les femmes ne vont ni se fixer des objectifs irréalisables ni prendre des risques démesurés. Elles demandent, dès lors, des sommes beaucoup moins importantes et le retour sur investissement est beaucoup plus satisfaisant pour le banquier », conclut Nathalie Renard, fondatrice de Coach au féminin.