Vous souhaitez vous lancer dans le commerce saisonnier ? Comme toutes les autres formes de commerce, ce métier ne s’improvise pas et comporte quelques spécificités.
Certains saisonniers arrivent à vivre de leur activité toute l’année. Mais cela devient de plus en plus difficile, notamment pour les petites affaires. Pour les autres, il s’agira d’avoir une deuxième activité le reste de l’année.
Le commerçant doit avoir bien conscience de la réalité de ce métier car
tout se joue sur une courte période. C’est pourquoi, il convient d’être rigoureux en termes de gestion, notamment au niveau de sa trésorerie. Et de choisir les bons produits adaptés à la clientèle, qui séjourne dans les destinations touristiques. D’où la nécessité de réaliser au préalable une solide étude de marché
Pour réussir,
il convient de connaître également les règles juridiques, qui encadrent les baux adaptés à ces points de vente.
Le commerçant devra faire preuve d’une forte capacité d’adaptation mais aussi tenir le rythme physiquement,
car pendant la saison pas question de compter ses heures…
Si vous êtes motivés, n’ayez pas peur de vous lancer !
Le commerce saisonnier ne s’exerce qu’une partie de l’année. Pour pratiquer ce métier bien spécifique et en vivre, il est nécessaire d’en connaître quelques caractéristiques. Des règles juridiques encadrent les baux adaptés à ces points de vente.
Vous souhaitez ouvrir un commerce saisonnier ? Il va falloir en connaître les spécificités et les clés de la réussite.
Car ce métier, comme les autres formes de commerce, ne s’improvise pas.
Tout d’abord, il faut savoir que
la période estivale s’est allongée : elle commence en avril avec les vacances de Pâques pour se terminer en octobre avec les vacances de la Toussaint. Le pic d’activité restant toutefois en juillet en août. Dans le même temps, constatent les professionnels du tourisme,
la durée des séjours s’est réduite. Il y a une vingtaine d’années, le séjour moyen était de trois semaines, aujourd’hui il est plutôt de 10 jours.
En dehors des deux gros mois de l’été,
les clients sont devenus adeptes des séjours de courte durée ou de grands week-ends. Cette pratique est rendue possible par les TGV (Train à grande vitesse), les vols des compagnies aériennes low-cost, qui mettent les destinations touristiques à quelques heures de Paris. Par conséquent, il n’y a quasiment plus de saison déserte. A partir de Pâques, ces destinations connaissent constamment des flux de touristes.
Quant à la saison d’hiver, qui se déroule à la montagne, il sera possible sur certaines zones d’avoir deux saisons. L’hiver étant apprécié par les amateurs de ski et l’été par les randonneurs.
Comment se pratique le commerce saisonnier, qui va concerner des secteurs tels que les CHR (cafés, hôtels, restaurants), l’équipement de la personne, de la maison (cadeaux/souvenirs…), les activités de loisirs ? Différents cas de figure sont possibles.
«
Souvent dans le domaine des CHR, les personnes ont deux établissements, l’un au soleil l’été, et un resto/bar dans une station de ski l’hiver », souligne Pascal Clément, responsable du service commerce à la CCI (Chambre de commerce et d’industrie) du Var. Autre exemple : des commerçants, qui louent des jets-ski, ski nautique l’été et des moto-neiges l’hiver. Il y a aussi ceux aussi qui peuvent basculer l’hiver vers des régions plus chaudes, telles que les DOM, les Antilles…
Dans le Var, on voit beaucoup de centres de plongée, qui commencent à ouvrir les week-ends lors de l’arrivée des beaux jours puis augmentent la fréquence de leurs sorties en mer pour le pic de la saison estivale, et puis qui les diminuent à partir de septembre. Jet ski, ski nautique sont pratiqués sur la côte d’Azur. Chaque année apportant son lot de nouveautés, dernière en date : le parachute ascensionnel.
La catégorie qui reste encore majoritaire est celle des commerçants qui font la saison estivale, et peuvent en vivre à l’année ou qu’ils complètent par des petits boulots pour arrondir leur fins de mois. «
Ce qui les différencie par rapport aux commerçants implantés à l’année, c’est le bail et leur implication dans la vie de la cité », commente Pascal Clément. En effet, les saisonniers ne sont pas autant concernés que les autres dans la vie locale, le manque de temps les empêchant de s’investir. Pour les associations de commerçants ou les chambres consulaires (CCI, chambre de métiers), il sera plus compliqué de les motiver…
Quant au bail utilisé pour ce type d’activité
, il s’agit d’un bail saisonnier, la durée de ce contrat ne pouvant s’appliquer que lors de la saison touristique, l’été ou l’hiver, soit entre 3 et 6 mois maximum. «
La période sera déterminée avec le propriétaire », ajoute-t-il. Le commerçant devra s’arrêter, à la fin du bail, à la date prévue par les deux parties.
Dans certaines villes touristiques, comme à Juan les Pins,
les baux saisonniers représentent jusqu’à 2/3 des commerces, les baux commerciaux classiques constituant le tiers restant. C’est la formule choisie par Elisabeth Lizzani, qui gère un magasin de maillot de bain de la marque « Pain de Sucre », et qui préside l’association Economie-Tourisme-Commerce. «
Mon magasin est ouvert à l’année avec une fermeture en novembre », raconte-t-elle. Elle emploie une vendeuse pendant toute l’année et réalise l’essentiel de son chiffre d’affaires entre avril et octobre. Pendant les deux mois d’été (juillet et août), la boutique est ouverte tous les jours et tous les soirs, comme sa situation en
Zone touristique internationale (ZTI) l’y autorise. Dans ces zones,-elles sont 21 sur le territoire français-, les commerces peuvent ouvrir le dimanche, ainsi qu’en soirée jusqu’à minuit toute l’année.
Elisabeth Lizzani tire la sonnette d’alarme quant aux baux saisonniers :
«Avec cette formule, il est difficile d’attirer des marques », estime-t-elle. «
Quand les bailleurs louent au dernier moment, on se retrouve avec des produits pas terribles dans les boutiques. Avec ce mode de fonctionnement, on tire vers le bas l’offre marchande », ajoute-t-elle. Tout en reconnaissant qu’il est compliqué de faire évoluer la situation. Souvent, quelques familles concentrent entre leurs mains, un grand nombre de magasins.
Le commerçant qui se lance dans ce type d’activité doit savoir que l
es loyers des baux saisonniers sont un peu plus élevés que ceux des baux commerciaux classiques (3/6/9). Mais dans les deux cas, il devra y porter la même attention. «
Il faut bien prendre le temps de lire le document et le signer en toute connaissance de cause » appuie Christine Rubetti, consultante juridique à la mission commerce à la CCI (Chambre de commerce et d’industrie) du Var. Comme dans tout contrat, il est conseillé de bien comprendre ce qui est mentionné, car une fois signé, les parties seront liées par ses dispositions.
Pour ouvrir un commerce saisonnier,
il faut avoir le goût du risque et accepter d’avoir une vie relativement précaire. Cette formule sera adaptée à des personnes, qui préfèrent l’imprévu et n’aiment pas la routine. Mais dans un cadre bien défini : il faut proposer un produit ou service complètement adapté au marché. Car pas question de se tromper, on n’a qu’une saison pour réussir. D’où la nécessité de réaliser au préalable une bonne étude de marché.
Deux formules sont possibles pour exercer son activité de commerce saisonnier. Explications par Christine Rubetti, consultante juridique à la mission commerce à la CCI (Chambre de commerce et d’industrie) du Var.
-le contrat de location saisonnière ou bail saisonnier, qui dure le plus souvent entre 3 et 6 mois. Cette convention va conférer au locataire la jouissance des locaux uniquement pour la saison. Particularité : le bail peut être renouvelé chaque année pour la saison, avec la même durée sans limite dans le temps. Il est également possible de conclure deux baux saisonniers pour le même local à des périodes différentes (saison hivernale et saison estivale par exemple), ce qui permet de ne pas payer de loyer pendant la période de fermeture.
Le paiement du loyer peut être exigé intégralement à l’entré dans les locaux au début de chaque saison.
A savoir : la location saisonnière obéit aux règles du code civil (art 1709 et suivants) et non au code de commerce.
-le bail de courte durée ou bail précaire. Il s’agit d’un bail commercial mais qui déroge à la réglementation des baux commerciaux classiques. La durée totale du bail ou des baux successifs ne peut excéder trois ans. Il peut s’agir d’un bail de 3 ans ou de trois d’un an. Il est régi également par le code civil.
«
Si l’on veut exploiter plus longtemps que la saison, il vaut mieux opter pour le bail précaire. Le locataire peut ainsi tester son activité, et le bailleur son locataire. C’est une formule intermédiaire entre la location saisonnière et le bail commercial classique », estime Christine Rubetti.
Ce qu’il faut retenir dans les deux cas :
à la fin de la saison, le locataire doit vider les lieux, enlever tout le matériel qui y est installé et partir. S’il décide de rester, le bail sera requalifié en bail commercial classique. Autre point à savoir : le commerçant n’est pas propriétaire du fonds de commerce et ne peut rien revendre.
Nouveaux formats, ventes en ligne, changements des modes de consommation, développement des centres commerciaux, les commerçants saisonniers doivent évoluer dans un univers en pleine transformation. Pour cela, ils doivent mettre en avant la qualité de l’accueil.
Comme les autres formes de commerce, le commerce saisonnier connaît des évolutions et doit, lui aussi, s’adapter. Par exemple, on voit apparaître dans les centres-villes
des boutiques éphémères. «
C’est l’occasion de tester un commerce et des produits pendant une période donnée », souligne Pascal Clément, responsable du service commerce à la CCI (Chambre de commerce et d’industrie) du Var. Ces boutiques éphémères utilisent généralement des baux de courte durée.
Autre nouveauté relevée par le responsable commerce du Var, endroit très prisé par les touristes qu’ils soient français ou étrangers :
des points de vente Decathlon s’ouvrent en bord de mer (à Fréjus, Six-Fours-les-plages…)
uniquement en période estivale, sur des petits formats de moins de 100 m². Avec une offre adaptée au bord de mer…
Si elle a souffert, notamment après les attentats de Nice en juillet 2016,
l’activité touristique sur la Côte d’Azur a repris des couleurs et se porte plutôt bien. «
Nous n’avons pas encore retrouvé le chiffre d’affaires d’avant les attentats », estime de son côté René Di Gennaro, commerçant à Juan-les -Pins.
«
Nous devons faire attention à rester attractifs. Nous devons faire des efforts pour accueillir les touristes français et étrangers », renchérit Pascal Clément. Dans cette optique, la Chambre de commerce et d’industrie a mis en place
un programme de labellisation des commerces afin de mettre en avant la qualité de l’accueil. Selon lui, la baisse de fréquentation serait plutôt due au contexte économique qu’au risque terroriste.
Car la Côte d’Azur doit affronter une concurrence tous azimuts, qu’elle provienne d’autres destinations sur le territoire français ou d’autres pays, comme l’Espagne, ou le Portugal…
Elle vient aussi
des stations de ski, qui déploient beaucoup d’efforts pour faire venir les touristes l’été. Elles mettent en place des animations et installent des équipements pour pratiquer différentes activités sportives, telles que le VTT. Par exemple, les télésièges sont équipés pour remonter les vélos…
Le commerce saisonnier est confronté également aux changements des modes de consommation et à l’arrivée d’Internet, notamment dans le secteur de l’équipement de la personne. Les articles de mode et d’habillement restant la première catégorie des produits achetés sur le Web. Selon la Fevad (fédération e-commerce et vente à distance), en 2017 les ventes e-commerce ont progressé de 14,3 % sur un an, un niveau de croissance maintenu depuis trois ans. Et selon l’Institut français de la mode (IFM), les achats en ligne de vêtements ont dépassé les 5 milliards d’euros, comptant désormais pour un sixième de l’ensemble des dépenses d’habillement des Français.
Il doit également faire face à
la concurrence des centres commerciaux installés en périphérie. Sur la Côte d’Azur, ils ne manquent pas, tels que
Cap 3000, situé en proche banlieue de Nice, à Saint-Laurent-du Var et qui constitue l’un des plus importants dans les Alpes-Maritimes. Des travaux d’agrandissement sont prévus et le nombre de boutiques devrait doubler d’ici 2019. Ou encore
Polygone Riviera, situé à Cagnes-sur-Mer, et inauguré en octobre 2015.
«
Cela nuit aux boutiques de centre-ville. Par rapport à il y a une dizaine d’années, on constate un changement de l’offre marchande et du comportement du chaland », commente Elisabeth Lizzani, présidente de l’association Economie-Tourisme-Commerce et gérante d’un magasin de maillots de bain à Juan-les-Pins.
Pour tirer leur épingle du jeu dans cette nouvelle configuration, les commerçants saisonniers devront, plus que jamais, miser sur le professionnalisme et l’accueil du client..
Depuis plus de 30 ans,
René di Gennaro et son épouse sont commerçants saisonniers à Juan-les-Pins, dans les Alpes-Maritimes. Cette dernière a
une franchise de maillots de bain pour femme, Banana Moon, tandis que René di Gennaro gère
un magasin multimarques de vêtements pour homme, Soupape. «
Il propose la panoplie du vacancier à la plage », souligne-t-il. Les boutiques, ouvertes de la mi-mars à la fin octobre, leur permettent d’en vivre à l’année. Et de prendre des vacances en hiver. «
Cela devient de plus en plus difficile », reconnaît René Di Gennaro. Si à une époque, ils avaient des employés, aujourd’hui, ils ne sont plus que tous les deux, plus leur fille, qui vient leur donner un coup de main.
Tous les ans,
ils retrouvent les mêmes locaux, sauf l’an dernier pour le magasin de son épouse. «
Nous avons un bail saisonnier de 7 mois. Nous devons tout enlever quand nous partons (l’enseigne, la marchandise, l’informatique..), faire un constat d’huissier, et nous radier auprès du registre du commerce. Quand nous revenons, il faut tout réinstaller », raconte-t-il. Tous les aménagements doivent en effet être stockés ailleurs, sinon ils deviennent la propriété du bailleur.
Pour le couple,
il s’agit de réussir sa saison : 60 % du chiffre d’affaires est réalisé en juillet-août, en septembre se tient la braderie et ensuite pas de session de rattrapage possible… «
Nous devons rester avec un stock minimum », explique le commerçant, qui a mis en place des arrangements avec ses fournisseurs. Par ailleurs, il essaie de travailler en bonne intelligence avec les autres commerçants, en harmonisant les horaires d’ouverture. Et de se démarquer, en proposant par exemple des couleurs plus pointues, car les marques proposées dans sa boutique sont diffusées un peu partout, dans toutes les villes…
80 % du CA est effectué par des touristes étrangers d’où l’importance de se débrouiller en plusieurs langues et savoir traduire les prix, les tailles…Un impératif pour les stations balnéaires de la Côte d’Azur !