Commerçants et artisans sont fortement touchés par l'épidémie de Covid-19. Même si le gouvernement a mis en place des mesures de soutien, ils vont devoir faire preuve d'adaptation. Et surtout accélérer la digitalisation de leur activité, afin de développer le retrait de commande et la vente à distance.
Des aides financières pour les entreprises artisanales de la boulangerie-pâtisserie
Des pistes pour redémarrer
Faire revenir les clients en magasin
Digitalisation et développement durable
Comme le reste de l’économie française, les commerçants et artisans sont lourdement impactés par l’épidémie de Covid-19. Tous les secteurs affichent une activité en baisse. Les cafés-hôtels-restaurants paient le plus lourd tribut tandis que le commerce de détail alimentaire parvient à échapper au marasme général.
Pour les aider à remonter la pente, le gouvernement a mis en place une batterie d’aides : chômage partiel, report des échéances fiscales et sociales, prêts garanti par l’Etat (PGE), Fonds de solidarité pour les TPE et indépendants…Certaines mesures étant prolongées et élargies pour les secteurs les plus touchés par la crise.
Mais cela suffira-t-il pour relancer l’activité ? D’autant que les perspectives sont, pour l’instant, très incertaines. Les TPE devront faire preuve d’adaptation, ce qui a déjà été le cas pendant la période de confinement. La restauration, par exemple, s’est lancée dans la livraison à domicile, la vente à emporter…Pour rester dans la course, commerçants et artisans devront accélérer leur numérisation et adopter un modèle multi-canal et écoresponsable, afin d’être en phase avec leurs clients.
Les commerçants, artisans, professionnels du tourisme sont fortement impactés par la crise du Coronavirus. Pour les aider à se maintenir, le gouvernement a mis en place toute une série de mesures. Certaines d’entre elles vont être prolongées jusqu’à la fin de l’année.
Comme la plupart des secteurs de l’économie, les commerces ont été touchés de plein fouet par l’épidémie de Covid -19. Les indicateurs sont malheureusement là pour le confirmer. Selon l’INSEE, le PIB (Produit intérieur brut) affiche un recul historique de -13,8% au deuxième trimestre 2020, après une baisse de-5,9 % au premier trimestre.
Entraînée par la chute de la consommation des ménages, l’activité des petites entreprises est en recul de -8,5 % au premier trimestre, d’après les chiffres publiés par la Fédération des centres de gestion agréés (FGCA). Tous les secteurs sont impactés, à l’exception des métiers de la santé, stimulés par le dynamisme des pharmacies (+4,1 %). A l’opposé l’équipement de la personne, en souffrance déjà depuis plusieurs années, affiche une chute de -21 %. Seul secteur qui résiste au décrochage général : le commerce de détail alimentaire, en baisse de -0,2 % au premier trimestre 2020. Explication : sur les trois premiers mois de l’année, seules les dépenses alimentaires ont augmenté (+2,4 % après +0,5 %). Au bénéfice des commerces de proximité, qui ont réaffirmé leurs atouts dans un contexte hors-normes.
Le second trimestre de l’année 2020 n’est guère mieux. Avec de nouveau des résultats catastrophiques : l’activité de l’artisanat, du commerce alimentaire, de l’hôtellerie-restauration et des professions libérales s’est effondrée, en recul de -28,5 %, selon une étude l’U2P (Union des entreprises de proximité), après un premier trimestre déjà affecté par une baisse de 5,3 %. Ces résultats masquent cependant de grandes disparités. C’est le secteur des hôtels-cafés-restaurants (HCR) qui paie le plus lourd tribut. « A eux seuls, directement concernées par les fermetures administratives et le confinement, ils ont connu la situation la plus grave avec une chute de 88 % », indique l’U2P. De son côté, l’artisanat a subi également un recul sans précédent (-24,5 %).
Conséquence : les trésoreries se sont sérieusement dégradées. Les pertes d’exploitation liées à l’arrêt de l’activité pendant le confinement sont énormes : de -30 à 90 % selon les secteurs les plus sévèrement touchées par les mesures de restriction. Pour les aider à surmonter cette mauvaise passe, le gouvernement a mis en place une série de mesures de soutien.
Dès le mois de mars était annoncé, pour les entreprises qui rencontraient des sérieuses difficultés, la possibilité d’effectuer des reports d’échéances fiscales et ou sociales, le financement des salariés par le mécanisme de chômage partiel, le rééchelonnement des crédits bancaires, l’obtention d’un prêt de trésorerie garanti par l’Etat (PGE).
Celui-ci est ouvert à toutes les entreprises quelles que soient leur taille et leur forme juridique, elles peuvent le souscrire auprès de leur établissement bancaire habituel. Le montant du prêt peut atteindre jusqu’à 3 mois de chiffre d’affaires 2019.
A la mi-juillet 2020, selon un bilan établi par Bercy, 550 000 entreprises ont pu en bénéficier, dont une majorité de très petites. Le taux de refus de ce prêt étant seulement de 2,7 %.
En effet, les très petites entreprises représentent 40 % des montants accordés pour un montant moyen de 92 000 euros. Le secteur du commerce est le premier bénéficiaire du dispositif (25 % des montants) et celui ayant l’intensité de recours (montant/ valeur ajoutée) la plus forte. Les secteurs d’activité les plus demandeurs sont le commerce et la réparation d’automobiles et de motocycles, puis l’hébergement-restauration et la construction. Le commerce et la restauration concentrant 38 % des demandes.
Autre dispositif mis en place : le Fonds de solidarité pour les TPE, indépendants et micro-entrepreneurs, qui consiste en une aide pouvant aller jusqu’à 1 500 euros. Il a été reconduit pour les pertes subies au titre des mois de juillet, août et septembre et sera prolongé jusqu’au 31 décembre 2020 pour les secteurs les plus touchés par la crise. Cette aide est financée par l’Etat et les régions.
Sont éligibles à ce fonds les entreprises qui ont fait l’objet d’une interdiction d’accueil du public, même si elles ont conservé une activité telle que la vente à emporter, la livraison et les retraits de commande, ou qui ont subi une perte de chiffre d’affaires d’au moins 50 % entre la période considérée par rapport à la même période de l’année précédente. Autres conditions : avoir un effectif de 10 salariés au plus, réaliser un chiffre d’affaires annuel inférieur à 1 millions d’euros et un bénéfice annuel imposable inférieur à 60 000 €.
Le premier volet de ce fonds de solidarité permet à l’entreprise de bénéficier d’une aide pouvant aller jusqu’à 1 500 €, le second volet de percevoir une aide complémentaire d’un montant compris entre 2 000 et 5 000 euros. Pour y avoir accès, un certain nombre de conditions sont requises.
Des plans sectoriels sont venus compléter les dispositions générales. Le plan Tourisme, présenté par le gouvernement le 14 mai dernier, a permis la mise en place de mesures de soutien pour les activités de l’hôtellerie, restauration et de l’événementiel sportif et culturel. Ainsi ces secteurs peuvent continuer de recourir à l’activité partielle jusqu’à la fin de l’année 2020. De même, le fonds de solidarité restera ouvert jusqu’à cette même date, il est élargi aux entreprises de plus grande taille, celles qui ont jusqu’à 20 salariés et jusqu’à 2 millions d’euros de chiffre d’affaires. Dans ce plan Tourisme figure également, la mise en place d’un prêt Garanti par l’Etat « Saison « .
De même à la fin juin, un plan en faveur du commerce de proximité de l’artisanat et des indépendants a été dévoilé. S’il comporte un volet d’aides (activité partielle, fonds de solidarité, PGE, report des charges fiscales et sociales), il comprend aussi des mesures spécifiques, pour soutenir leur trésorerie, pour redynamiser les commerces de proximité dans les territoires (création de 100 foncières de redynamisation des commerces…). Sans oublier un volet consacré à la numérisation des TPE…
On le voit, le gouvernement n’a pas lésiné sur les moyens. Malgré ces mesures, qui constituent des aides non négligeables, les commerçants et artisans vont-ils arriver à surmonter cette crise ? Pour y arriver, ils devront s’adapter et trouver de nouvelles pistes pour séduire le consommateur.
Quatre aides exceptionnelles peuvent être débloquées pour les salariés et employeurs de la boulangerie-pâtisserie, impactés la crise sanitaire. Pour en bénéficier, l’entreprise doit adhérer au régime de prévoyance ou au régime de frais de santé d’AG2R La Mondiale.
La Confédération nationale de la boulangerie-pâtisserie française (CNBPF) et cinq organisations syndicales de salariés ont négocié la mise en place d’un fonds de solidarité exceptionnel pour permettre de faire face aux éventuelles difficultés financières en raison de la crise sanitaire.Celui-ci est financé par les réserves des régimes prévoyance et frais de santé de la convention collective nationale. 4 aides sont mises en place, deux pour les entreprises, deux pour les salariés. Attention, elles sont réservées aux entreprises adhérentes au régime de prévoyances ou de frais de santé d’AG2R La Mondiale, sous conditions d’éligibilité.
Concernant les aides pour les employeurs : l’une vise à la prise en charge totale ou partielle de l’indemnité complémentaire relative aux arrêts de travail des salariés non pris en charge par le régime incapacité de travail de la profession, l’autre vise à attribuer une aide forfaitaire pour l’acquisition de matériel pour lutter contre la propagation du Covid-19.
Concernant les aides pour les salariés : l’une vise à limiter la diminution de la rémunération liée à la mise en activité partielle pendant la période de confinement, l’autre vise à financer l’acquisition de masques et de solution hydro-alcoolique. Pour bénéficier de ces aides, il faut en faire la demande avant le 30 septembre 2020.
Pour relancer leur activité, les commerçants vont devoir faire preuve d’innovation et d’adaptation. Numérique, développement durable, formation font partie des voies à explorer afin de répondre aux attentes des clients.
La situation n’est pas simple pour les commerçants. Déjà fragilisés pendant plusieurs mois par différents mouvements sociaux (Gilets Jaunes, manifestations contre la réforme des retraites), ils sont maintenant confrontés à une crise sanitaire d’une ampleur inédite. Si la situation perdure, un certain nombre d’entre eux risque de mettre la clé sous la porte.
Le secteur non alimentaire a été particulièrement touché, en raison de l’interdiction d’accueillir du public dans les magasins, et des restrictions des déplacements des Français. Si la réouverture des commerces s’est caractérisée par une reprise de l’activité meilleure qu’attendue pour de nombreux secteurs (bricolage, jardinerie, équipement de la maison, sports, et loisirs, jouets …), celle-ci est toutefois plus mesurée dans l’équipement de la personne (habillement, chaussures…), selon le Conseil du commerce de France (CdCF). Un certain nombre d’enseignes de ce secteur sont confrontés à des difficultés comme Camaïeu qui vient d’être repris à la barre du tribunal de commerce, la Halle, Orchestra et André en redressement judiciaire…
Pour toutes ces raisons, les organisations professionnelles représentant ces secteurs estiment qu’il est nécessaire voir impératif de maintenir les différentes mesures de soutien adoptées par le gouvernement.
Selon une enquête de l’U2P (Union des entreprises de proximité), la proportion d’entreprises ayant eu recours à un dispositif d’aides depuis le début de la crise sanitaire s’élève à 55 % avec de grandes disparités : seules 19 % des entreprises artisanales de l’alimentation en ont bénéficié contre 92 % des hôtels-restaurants. Les principales aides reçues sont le premier volet du Fonds de solidarité (47 % des entreprises) et les reports de charges (43 %). A l’autre extrémité du spectre, seules 2 % des entreprises ont bénéficié du deuxième volet du Fonds de solidarité et 3 % d’exonérations de charges.
S’il existe des aides pour soutenir leur activité, les commerçants vont avoir la tâche de faire revenir les clients en magasin…Ce qui ne sera pas une mince affaire, compte-tenu de leur crainte du Covid-19 et des contraintes qui en découlent. Par exemple, dans certaines boutiques d’habillement, il n’est pas possible d’essayer les vêtements…Du coup, les consommateurs prudents, privilégient les achats en ligne…Où ils peuvent trouver une offre pléthorique et des promotions en permanence.
Certains secteurs, pourtant durement touchés par la crise sanitaire ont déjà commencé à évoluer et proposer de nouveaux services. C’est le cas de la restauration, qui a développé, pendant cette période, la livraison à domicile, la vente à emporter. Certains se sont lancés dans les cours de cuisine en ligne, et en ont profité pour améliorer leur site Internet et leur présence sur les réseaux sociaux…
Cette crise a, en effet, montré la fragilité du secteur face à la digitalisation de l’économie. Les commerçants, qui n’ont pas encore pris ce virage, ont été les plus vulnérables durant le confinement notamment parce qu’ils n’ont pas su maintenir une relation de proximité avec leurs clients, ni proposer des solutions alternatives à la vente en magasin comme le click & collect. L’adoption du modèle multicanal s’avère aujourd’hui indispensable. Mais cette transformation implique de nombreux investissements dans la gestion des données, la logistique, la digitalisation, l’automatisation de certains process…
Autre chantier majeur, qui attend le secteur : la mise en œuvre un programme de réduction de ses consommations d’énergie. Les commerçants devront aussi s’adapter aux nouvelles tendances de consommation alliant une consommation plus locale et plus durable.
Un programme chargé en perspective…Mais comme le déclare Yves Marmont, président de la FCGA (Fédération des centres de gestion agréés) : « Les TPE ont déjà montré leur formidable capacité de résilience et pourraient bien nous surprendre une fois de plus ! Même par temps de crise, elles savent s’adapter aux contraintes du marché, inventer de nouveaux modèles et répondre aux attentes des consommateurs. » Espérons-le !