L'artisanat continue d'attirer des vocations. Opportunité d'ascension ou de reconversion professionnelle, la création ou la reprise d'une entreprise permet d'accomplir son projet.
Les moyens financiers pour se lancer sont moins importants qu'avant.Une tendance qui s'explique par le développement des activités de service.
La part des dirigeantes d'entreprise a doublé en 30 ans
20 000 conjointes collaboratrices
Avec 154 000 entreprises qui ont vu le jour en 2016, l’artisanat reste un secteur économique attractif. Les chemins pour y accéder sont variés. Opportunité d’ascension ou de reconversion professionnelle, la création d’une entreprise permet d’accomplir son projet. En moyenne, l’âge pour s’installer se situe autour de 40 ans. Certains n’attendent pas et se lancent même avant la trentaine !
Si le profil des créateurs a peu évolué ces dernières années, les moyens financiers utiles au démarrage sont moins importants qu’avant. Une tendance qui s’explique par le développent des activités de services. Les coûts d’installation restant plus élevés dans l’artisanat de l’alimentation.
Ce dossier a choisi de faire un focus sur les femmes, car elles occupent une place de choix dans l’artisanat, qu’elles soient dirigeantes d’entreprises, conjointes collaboratrices, ou salariées. Leur part en tant que chef d’entreprises a même doublé en 20 ans ! Une grande partie d’entre elles menant une activité de services…
Quelque soit votre profil, il est conseillé d’être accompagné, gage de réussite de votre projet
154 000 entreprises artisanales ont été créées en 2016. Parmi les activités les plus porteuses : l’alimentation et les transports des voyageurs. Les parcours qui mènent à ces professions sont toujours très variés.
L’artisanat continue d’attirer et susciter des vocations En 2016, 154 000 créations d’entreprise ont vu le jour dans ce secteur, soit un chiffre stable par rapport à 2015. Ces données sont issues de la dernière livraison du baromètre de l’artisanat réalisé par l’ISM (Institut supérieur des métiers) avec le soutien de MAAF. Mais derrière ce chiffre se cachent des disparités selon les secteurs.
Taxis/VTC : boom des créations
C’est dans les services que le nombre de créations est en hausse (+4 %), celle-ci étant principalement portée par les taxis/VTC (10 000 créations contre 7 600 en 2105), une progression alimentée par les plateformes numériques et un fort turn-over. Les travaux de nettoyage sont eux aussi en croissance (10 200 contre 9 600).
Le nombre de créations d’entreprises artisanales progresse également dans l’alimentation (+5 %), surtout la fabrication de plats à emporter (7 700 en 2016 contre 7400 en 2015) et celle de boissons artisanales (distillerie, bière…)
En ce qui concerne le choix du statut juridique, le régime micro-entrepreneur (ex auto-entrepreneur), qui a attiré plus de 700 000 porteurs de projet dans l’artisanat depuis 2009 (soit 2 % de la population de 20 à 25 ans) est en recul et ce, pour la deuxième année consécutive.
Malgré tout, c’est la forme juridique d’entreprise individuelle qui reste majoritaire (64 %), sauf en Ile-de-France et dans la plupart des départements de métropole. Parmi les entreprises créées sous statut de société, les formes de société par actions simplifiées (SAS et SASU), dont les dirigeants ne cotisent pas au RSI, sont désormais prépondérantes par rapport aux SARL et EURL.
Plusieurs types de parcours conduisent à la création d’entreprise artisanale : dans 60 % des cas, la création d’entreprise est une opportunité soit d’ascension professionnelle, soit de reconversion professionnelle (1 ancien salarié sur 4 était auparavant cadre ou profession intermédiaire).
Un créateur sur 5 s’installe par nécessité (pas d’autre solution d’emploi), un créateur sur 5 était déjà un entrepreneur et investit dans une nouvelle affaire. La part de ceux qui étaient précédemment demandeurs d’emploi n’a pas augmenté durant les années de crise (36 % en 2010).
Il n’y a pas d’âge pour s’installer dans l’artisanat, même si la moyenne se situe autour de 40 ans. Les jeunes de moins de 30 ans représentent 1 créateur sur 5 (voir encadré), de même que les « seniors-entrepreneurs » de plus de 50 ans. Les métiers qui attirent les jeunes créateurs sont notamment les activités de pré-presse (50 % ont moins de 30 ans), les soins de beauté (47 %), la coiffure (38 %) et la restauration d’objets d’art. Dans un cas sur 10, s’installer à son compte est la seule façon de pouvoir exercer son métier.
Quant au parcours de formation, il va être également varié : 1 créateur sur 4 n’a pas de diplôme qualifiant, 1 sur 2 est diplômé de l’enseignement secondaire, 1 sur 4 de l’enseignement supérieur. Les trois quarts des entrepreneurs de l’artisanat ont une expérience de plus de trois ans dans le métier de leur entreprise : 43 % ont plus de 10 ans d’expérience préalable dans l’activité.
Si le profil des créateurs d’entreprise a peu évolué ces dernières années, le baromètre ISM/ MAAF constate également le développement des « petits » projets : en 2014, 30 % des installations ont nécessité moins de 2 000 euros de moyens financiers (contre 17 % pour la génération précédente). Cette tendance s’explique en partie par le développement des activités de services et se traduit par la baisse du nombre d’entreprises créées avec des salariés.
Dans l’artisanat de l’alimentation, les coûts d’installation restent plus élevés (supérieurs à 16 000 euros pour 55 % des projets).
Les entreprises créées par reprise (1 cas sur 10) se distinguent par une mise de fonds bien supérieure : elles entraînent pour 38 % d’entre elles un coût d’installation supérieur à 80 000 euros.
Sur la période 2006-2016, la création d’entreprise artisanale a fortement augmenté, avec une hausse de + 74 %. C’est en Ile-de-France que la croissance est la plus forte, avec une progression de + 163 %. Celle-ci est due à la création de taxis/VTC, un phénomène qui se concentre dans cette région. La progression est également plus forte que la moyenne dans les Hauts-de-France (+ 83 %). A l’opposé de cette tendance, trois DOM : la Guadeloupe, la Martinique et la Réunion.
Toujours selon le baromètre ISM /MAAF, l’esprit d’entreprise est plus développé au Sud de la Loire. En 2016, la création d’entreprises artisanales a concerné 35 000 adultes sur 10 000. Ce taux va varier du simple au triple selon les départements. C’est dans les Alpes-Maritimes (77/10 000), en Corse, dans le Var et en Seine-Saint-Denis qu’ils sont les plus élevés.
En revanche, les entreprises artisanales (hors micro-entrepreneurs) sont plus pérennes dans la moitié Nord de la France. Trois ans après leur création, 75 % des entreprises artisanales du Centre-Val de Loire sont toujours actives, contre 67 % en PACA et en Occitanie.
Le taux de pérennité moyen des entreprises artisanales est quant à lui comparable à celui de l’ensemble des entreprises (71 %).
Pour se lancer dans l’artisanat, il convient de se faire accompagner, ce qui constituera un gage de longévité. Les porteurs de projet pourront trouver auprès des Chambres de métiers et de l’artisanat des précieux conseils pour démarrer leur activité. Les conseillers économiques peuvent les aider à formaliser leur projet et à élaborer leur business plan. Par exemple : instruire les dossiers de demandes d’aides aux demandeurs d’emploi créant ou reprenant une entreprise (ACCRE) ou au nouvel accompagnement à la création et à la reprise d’entreprise (Nacre). Ils peuvent aussi les mettre en relation avec des réseaux partenaires (avocats, notaires, experts-comptables, banquiers, assureurs, organismes sociaux et de formation).
Les conseillers les guideront dans la recherche de financements et les différentes aides possibles. Sachant que ce sont ces chambres qui accordent la qualification d’artisan et qui vont aider les porteurs des projets dans les formalités obligatoires liées à la vie de l’artisan.
Parmi leurs compétences également : un accompagnement personnalisé post-création, une aide au montage des contrats d’apprentissage, et médiation et conciliation entre apprenti et entreprise.
Sachez aussi qu’un apport financier personnel est indispensable, et qu’il sera gage de votre investissement lorsque vous devrez décrocher un crédit bancaire. Le banquier appréciera la rigueur apportée à la présentation de votre dossier et à votre implication pour se l’approprier.
N’oubliez pas aussi de lister toutes les dépenses auxquelles vous aurez à faire face : achat de matériel ou de matières premières, ouverture d’un local, les frais d’acte…
Outre l’engagement financier, se lancer dans cette passionnante aventure nécessitera aussi un fort investissement personnel, et ce sur la durée. Mais qui sera récompensé lors de l’arrivée des premières commandes…
On peut être jeune et se lancer dans l’artisanat ! Commence en témoigne François Servant, 28 ans, qui a créé son entreprise, L’Atelier de Soudure de l’Eure, en mai 2015. Au départ rien ne l’y prédestinait. Bac ES en poche, titulaire d’un Dut Techniques de commercialisation et d’une licence Pro Marketing, il cherche du travail pendant un an, en 2012. Ne trouvant pas d’emploi correspondant à sa formation, il décide de suivre une formation technique de soudeur à l’AFPA,organisme de formation professionnelle. « J’ai toujours eu le goût pour le travail manuel », raconte-t-il. Fort de son BEP de soudeur, il travaille pendant un an dans une entrepris, qui fabrique des tuyauteries pour Gaz de France. Puis décide de se lancer tout seul, en créant sa micro-entreprise, inscrite à la Chambre des métiers et de l’artisanat. « Je cotise au RSI », précise-t-il.
Sa spécificité : fabriquer et restaurer des ouvrages de ferronnerie (portails, escaliers, rampes d’escaliers, balcons..) en fer plein. « Tous les produits sont sur-mesure, il n’y aucune standardisation. Je me situe entre la forge ancienne et la métallerie », indique François Servant. Sa formation universitaire lui sert beaucoup : « Quand je suis en rendez-vous en clientèle, j’applique ce que j’ai appris », raconte-t-il.
L’Atelier de Soudure de l’Eure, installés à Pacy-Sur-Eure, à 1 heure de Paris, capte aussi bien une clientèle de particuliers, de services publics que d’entreprises. Pour celles-ci, il travaille soit en direct, soit en sous-traitance pour des grands groupes du BTP. « Engie m’a trouvé grâce à mon site Internet », un site qu’il a lui-même conçu.
Ce qu’il trouve le plus dur dans sa vie d’entrepreneur : savoir gérer son temps, trouver le bon rythme entre l’atelier et les tâches administratives (assurances, déclaration RSI…) « C’est la partie caché de l’activité, mais elle est essentielle, il ne faut surtout pas la négliger », estime -t-il .
Si la première année fut difficile, François Servant progresse vite. En deuxième année, il a enregistré une croissance de 110 %. Et à la moitié de la troisième année, il a déjà réalisé l’équivalent du CA de la deuxième année. De bons débuts !
Dans l’artisanat, un actif sur quatre est une femme. Elles sont deux fois plus nombreuses à être dirigeantes d’entreprise qu’il y a 30 ans. Plus diplômées que les hommes, on les retrouve surtout dans les activités de service.
Les femmes sont à l’honneur dans l’artisanat, qu’elles soient chefs d’entreprise, conjointe collaboratrice ou salariée. Ainsi 23 % des chefs d’entreprise du secteur sont des femmes, un chiffre inférieur à la part des dirigeants d’entreprise du commerce (38 %), mais supérieur à celui des PME (19 %), selon le baromètre de l’artisanat réalisé par l’Institut supérieur des métiers (ISM) avec le soutien de MAAF.
Ainsi en 2015, 224 000 chefs d’entreprises artisanales sont des femmes, dont 217 000 (97 %) sont indépendantes non salariées. Les deux tiers d’entre elles mènent une activité de service (145 800), on les retrouve ensuite dans la fabrication (43 800), le BTP (14 300) et l’alimentation (12 800).
Trois secteurs concentrent la moitié des femmes « installées à leur compte » : la coiffure, les soins de beauté, et les activités de nettoyage de locaux. Viennent ensuite le commerce de fleurs, la couture, la fabrication de bijoux fantaisie, la photographie, la boulangerie-pâtisserie, les taxis…
En 30 ans, la part de dirigeants d’entreprise a doublé, et même triplé dans l’artisanat de l’alimentation (23 % en 1015 contre 8 % en 1984). En fait, elle varie considérablement selon les activités : de 3 % dans le BTP (2 % en 1984) à 43 % dans les services (23 % en 1984).
Quant aux choix du statut juridique, parmi les indépendants non-salariés, les femmes optent plus souvent pour le régime micro-entrepreneur que les hommes, cela dans toutes les activités sauf le BTP. Ainsi 47 % femmes à leur compte sont sous ce régime, alors que c’est le cas pour 36 % des hommes.
Les dirigeantes d’entreprise artisanale sont plus diplômées que leurs homologues masculins : 49 % ont au moins un niveau baccalauréat (dont 17 % sont diplômées de l’enseignement supérieur) contre 32 % des hommes. Cette particularité est observée dans tous les secteurs.
C’est une caractéristique de l’artisanat : de nombreuses femmes travaillent régulièrement dans l’entreprise de leur conjoint. Certaines ont un statut d’associée ou de salariée, d’autres ont opté pour le statut de conjointe collaboratrice. Ces dernières sont plus nombreuses dans l’artisanat de l’alimentation, dont les entreprises restent plus souvent pilotées en couple. On les trouve ensuite dans le BTP, les services et la fabrication.
Un tiers des salariés dans les TPE artisanales sont des femmes, au nombre de 455 000. La parité hommes /femmes existe dans les effectifs de l’alimentation et des services. Elles sont moins présentes parmi les salariés de l’artisanat de fabrication et du BTP.
En revanche, la parité est rare dans les métiers exercés, remarque le baromètre ISM/ MAAF. Les trois-quarts des femmes salariées occupent des métiers de services ou des fonctions transverses (secrétariat, vente, comptabilité) alors que les hommes sont majoritairement ouvriers du BTP et de fabrication.
Les métiers à recrutement mixte sont principalement ceux de la photographie, de la prothèse dentaire, des métiers d’art, du textile-habillement et du nettoyage.
En ce qui concerne l’apprentissage, 26 % des effectifs formés sont des femmes. 37 400 ont été formées en 2014-2015 dans les TPE artisanales. Leur choix de formation semble perpétuer les orientations de leurs aînées : elles sont majoritaires dans les formations des métiers de services (soin à la personne, fleuristerie) et dans les métiers de vente et de gestion. Des futures recrues, destinées à poursuivre une carrière dans l’artisanat. Et pourquoi pas devenir à leur tour dirigeantes d’entreprise.