Accueil >
Dossiers pour les commerçants et futurs commerçants > Sortir de la crise sanitaire
Après de longs mois difficiles, entre couvre-feux, restrictions et fermetures administratives pour certains, les commerçants et artisans commencent à sortir la tête de l’eau. Durant cette crise, ils ont montré leur capacité de résilience. Pour s’en sortir, ils ont pu compter sur le soutien des aides de L’Etat (Prêts garantis par l’Etat, fonds de solidarité, activité partielle, report de cotisations sociales…)
L’heure est maintenant à la relance de l’économie. Les indicateurs repassent au vert et les différentes enquêtes menées par les organisations professionnelles démontrent un certain optimisme et un redémarrage de l’activité.
Tout n’est pas rose pour autant, et la reprise demeure fragile. Des inquiétudes se font jour face à la perspective de rembourser les échéances fiscales et sociales. Commerçants et artisans doivent affronter des problématiques majeures : formation de main d’œuvre qualifiée pour répondre aux difficultés de recrutement, poursuite de la transition numérique amorcée pendant la crise sanitaire, sans oublier la transition écologique, qui figure aussi parmi les priorités.
De nombreux défis sont à relever !
Les indicateurs repassent au vert pour les commerçants et artisans, frappés de plein fouet par la crise économique et sanitaire. Dans ce contexte plutôt favorable, les aides de l’Etat vont évoluer, tout en soutenant les secteurs qui restent pénalisés par la pandémie.
Durement éprouvés par la crise sanitaire, les commerçants et artisans vont-ils connaitre des jours meilleurs ? Il semble que oui car la reprise économique s’annonce finalement un peu plus forte que prévu, selon l’Insee qui s’attend désormais à une croissance de 6,25 % en 2021, après la chute « historique » de 8 % en 2020. « Malgré la quatrième vague épidémique, la reprise entamée au printemps s’est poursuivie pendant l’été », indique l’institut national de la statistique.
Même le pass sanitaire instauré dans les restaurants, centres commerciaux, cinémas et lieux de loisirs n’aurait que « modérément » affecté ces secteurs, même si l’impact a été un peu plus important pour les restaurants, analyse l’Insee.
De façon plus générale, l’institut prévoit que la consommation des ménages, moteur traditionnel de la croissance française, rattrape d’ici la fin de l’année son niveau d’avant la crise. Sachant que les Français ont toujours un volumineux surplus d’épargne, qui atteint 157 milliards d’euros entre le début de la crise sanitaire et la fin juin 2021, selon les données de la Banque de France.
Mais ces chiffres n’effacent pas les difficultés particulières de certains secteurs comme les transports et l’hôtellerie-restauration, qui continue de souffrir des conséquences de la pandémie, notamment la moindre fréquentation de la France par les touristes étrangers ou la réduction des voyages d’affaires. Par ailleurs, l’Insee relève les incertitudes qui pèsent encore sur la reprise, en raison notamment des tensions sur les approvisionnements des entreprises et les recrutements. De plus en plus d’entreprises faisant remonter des difficultés sur ces deux fronts.
Cette tendance favorable se traduit dans les différentes enquêtes des organisations professionnelles qui représentent les commerçants, artisans et TPE/PME. Selon la CPME (Confédération des PME), les dirigeants de PME sont près de 2 sur 3 à considérer que la situation globale de leur entreprise s’est améliorée (32 %) ou est restée identique (29 %) au premier semestre 2021. Ils sont 41 % à anticiper une situation globale identique à celle du premier semestre.
Pour l’U2P (Union des entreprises de proximité), qui représente 3 millions d’entreprises (bâtiment, alimentation, hôtellerie-restauration, fabrication et services, travaux publics et paysage et professions libérales), tous les voyants sont repassés au vert. « L’inversion de tendance est d’autant plus forte qu’un an auparavant, les secteurs de l’artisanat, du commerce alimentaire de proximité, de l’hôtellerie -restauration étaient frappés de plein fouet par la crise économique et sanitaire, accusant une baisse d’activité de 28,5 % largement due au premier confinement », indique l’U2P dans un communiqué.
Au deuxième trimestre 2021, le chiffre d’affaires des entreprises de proximité a littéralement bondi de 51,5 %, selon une enquête U2P-Xerfi. Cette moyenne cache de fortes disparités entre l’artisanat (+ 35 %), le commerce alimentaire et l’hôtellerie-restauration, passés de -55 % en 2020 à + 205 % en 2021… !
Ce sont sans nul doute les aides qui ont permis d’amoindrir le choc de la crise : 1,2 million d’entreprises de proximité ont bénéficié du fonds de solidarité. De même que les PGE (Prêts garantis par l’Etat) ont concerné 212 600 d’entre elles.
Pour autant, les entreprises de proximité n’ont pas retrouvé leur niveau d’avant la crise, même si la tendance est favorable. Elles ont accusé une baisse limitée à 2,5 % au premier semestre 2021 par rapport au premier semestre 2019, laissant espérer une croissance positive d’ici la fin de l’année.
Du côté des artisans, une enquête de CMA France, démontre que la santé économique des artisans s’améliore. 77,2 % des artisans interrogés estiment que l’évolution de leur activité va se stabiliser, voire s’améliorer dans les 6 prochains mois. Ils sortent de l’été avec l’opinion que leur situation est plus solide. Ils sont 36 % à avoir une bonne, voire une excellente opinion sur la situation économique de leur entreprise, soit +7,3 points comparé à mai 2021.
Dans ce contexte de reprise de l’économie, le gouvernement a annoncé que certaines aides pour les entreprises allaient évoluer dans les prochains mois, avec l’arrêt du « quoiqu’il en coûte » et une stratégie de soutien sur mesure aux entreprises, qui restent pénalisées par la pandémie.
Mesure phare de la crise sanitaire, le fonds de solidarité est supprimé fin septembre. Ouvert depuis mars 2020 pour faire face à l’urgence, il a permis d’indemniser 2 millions d’entreprises pour un montant de 35 milliards d’euros.
A partir du mois d’octobre, il sera maintenu uniquement pour les territoires et départements d’outre-mer, où la situation sanitaire impose encore des fermetures administratives obligatoires.
C’est le dispositif de prise en charge des coûts fixes, opérationnel depuis le 31 mars dernier, qui prend le relais à partir du 1er octobre. Il concerne désormais toutes les entreprises des secteurs, dont l’activité reste pénalisée par les restrictions sanitaires (secteurs S1 et S1 bis). L’accès à cette aide sera désormais possible pour les entreprises réalisant moins d’un million d’euros de chiffre d’affaires, ce qui n’était pas le cas initialement. Ainsi un restaurant de 2 ou 3 salariés, un bar, un hôtel plus modeste pourront avoir accès à ce dispositif.
Cette aide couvre 70 % des pertes d’exploitation pour les entreprises de plus de 50 salariés, et 90 % des des pertes d’exploitation pour celles de moins de 50 salariés, dans la limite de 1,8 million d’euros sur l’année 2021.
Pour Bruno le Maire, le ministre de l’économie, il s’agit de passer « d’un soutien général et forfaitaire », avec le Fonds de Solidarité, à un « soutien ciblé et sur mesure en fonction de la perte réelle à l’euro près. »
Le ministre a, par ailleurs, mis en garde sur les délais de versement de l’aide « coûts fixes », qui nécessite 3 heures de traitement par dossier, entraînant, de fait, des délais de paiement de plusieurs semaines. Alors qu’avec le fonds de solidarité, l’indemnisation était automatique.
Des plans d’actions spécifiques doivent être mis en place pour les secteurs de l’évènementiel, des agences de voyages et pour les acteurs de la montagne.
Par ailleurs, l’aide au paiement des cotisations sociales est supprimée depuis le 31 août. Conçue pour encourager les employeurs à réembaucher, elle n’apparait plus nécessaire, puisqu’il est constaté, au contraire, que de nombreux employeurs souhaitent recruter davantage.
Quant à l’activité partielle, son régime de droit commun (reste à charge de 40 % pour l’entreprise) est appliqué à l’ensemble des secteurs depuis le 1er septembre 2021. Les entreprises des secteurs S1 et S1 Bis, qui connaissent toujours des restrictions sanitaires, telles que des jauges ou une perte de chiffre d’affaires supérieure à 80 %, continueront à bénéficier d’un reste à charge nul.
Le dispositif d’activité partielle de longue durée, avec un reste à charge de 15 % pour l’entreprise demeure, en outre, disponible pour accompagner les entreprises connaissant une réduction durable de leur activité.
En effet, si la reprise est là, « elle reste fragile », souligne la CPME. Sur un plan financier, 18 % des dirigeants interrogés par la Confédération des PME, estiment ne pas avoir la trésorerie suffisante pour rembourser les échéances sociales et fiscales reportées.
Par ailleurs, d’autres freins à la reprise existent. Comme la hausse du prix des matières premières, qui impacte deux sur entreprises sur trois. La moitié déclare pour l’instant ne pas répercuter cette augmentation sur ses prix de vente. Comme déjà évoqué, 44 % des dirigeants font face à des difficultés de recrutement, 57 % d’entre eux déclarant même avoir dû renoncer à des marchés ou à des projets.
Numérique, transmission et formation sont quelques-uns des enjeux auxquels artisans et commerçants doivent faire face, afin de répondre aux attentes des consommateurs. Des dispositifs de soutien sont conçus pour les aider.
Si l’heure est à la relance économique, après les difficultés liées à la crise sanitaire, commerçants et artisans doivent affronter de nombreux défis pour rester dans la course tels que la transmission, le numérique et la formation.
CMA France s’est penchée, dans une étude menée l’été dernier, sur les cessions d’entreprise afin de savoir comment évoluait cette problématique. Au global, le pourcentage de cessions d’entreprises est stable (-1,1 %). En revanche, l’étude constate qu’il y a un vrai renoncement des intentions de cession dans les secteurs des services et du bâtiment par rapport à mai 2021 : -16,3 points pour le bâtiment et -32,4 point pour les services.
Pour les artisans, il ne s’agit plus d’une question de fin de carrière mais d’un impératif urgent. Alors que 2/3 de ceux qui avaient l’intention de céder leur entreprise envisageait de le faire dans les deux années à venir ; en juillet 2021, plus de la moitié des artisans, qui envisagent de céder leur entreprise, souhaitent le faire dans l’année à venir.
Quant au numérique, il se hisse au premier rang des priorités des entreprises artisanales. La crise sanitaire a accéléré la prise de conscience de ses enjeux mais également des usages pratiques de ces nouveaux outils. Les entreprises artisanales attendent surtout du numérique de trouver de nouveaux clients et de se faire connaître. Selon les artisans, les freins pour se lancer sont le manque de temps, de connaissances et de moyens financiers.
Dans ce contexte, la numérisation des TPE faisant partie des objectifs du plan France Relance, un certain nombre de dispositifs ont été déployés dans ce sens, dont le Chèque numérique. Les secteurs des services et de la fabrication perçoivent le numérique comme l’un des leviers de développement de leur activité. Quant à l’alimentation, qui a déjà pris ce virage, elle a plutôt besoin de financements et recrute des apprentis en formation.
Le développement durable continue de figurer à un niveau élevé, ce qui montre que beaucoup d’artisans souhaitent de plus en plus s’inscrire dans cette transition écologique.
L’apprentissage constitue également une priorité. « Un enjeu majeur pour cette rentrée 2021 : la formation des apprentis sur les 6 prochains mois. ¼ des entreprises artisanales se disent prêtes à accueillir un ou plusieurs apprentis. Les secteurs de l’alimentation et du bâtiment figurent en première ligne sur le sujet de la formation des apprentis », indique Joël Fourny, président de CMA France.
Les CMA affichent des bons résultats dans ce domaine puisqu’elles enregistrent un taux d’insertion dans l’emploi de 80 % dans les 7 mois post-diplôme et entendent encore faire mieux en 2021. 100 000 jeunes sont formés chaque année, sans oublier les 130 000 adultes, dont 40 000 demandeurs d’emploi. La formation constitue, sans aucun doute, un levier pour pallier le manque de main d’œuvre qualifiée que les entreprises rencontrent aujourd’hui.
De façon plus générale, sur le front de l’emploi, l’embellie est modeste mais incontestable dans les entreprises de proximité, selon une enquête de l’U2P (Union des entreprises de proximité). Parmi les entreprises, qui emploient au moins un salarié, 18 % ont embauché au cours du premier semestre 2021 contre 12 % un an auparavant. La progression la plus sensible est enregistrée chez les artisans du bâtiment (+10 points), dont les carnets de commande sont en nette augmentation. La typologie des recrutements est favorable : 48 % des embauches ont été réalisées sous la forme d’un CDI, tandis que la part des CDD est passée de 48 % à 43 %, et celle des contrats d’apprentissage (8 %) a doublé en l’espace d’un an. Autre preuve d’optimisme : 12 % des chefs d’entreprise prévoient d’embaucher au cours du second semestre 2021 !