Avec l'énergie de la jeunesse, elle relance un bowling à Mulhouse

Revenue au bercail pour raisons familiales, Cathy Simon a entrepris de relancer le bowling du centre-ville mulhousien. Un pari audacieux qui est en voie de réussir à force de pragmatisme et ténacité.
Par Sophie MENSIOR -  
Le 21/04/08
Lorsqu’elle apprend la mise en adjudication judiciaire et la vente aux enchères d’un bowling fermé depuis 20 ans., Cathy se montre intéressée, en dépit de son manque d’expérience dans le commerce. L’établissement a pourtant mauvaise réputation : « L’ancien propriétaire gérait mal son affaire qui était petit à petit devenue un lieu très mal fréquenté avec des bagarres à répétition, détaille-t-elle. Mais je n’ai peur de rien ! » Téméraire, Cathy pressent une envie des habitants.

Elle doit s’acquitter de la somme de 105 000 euros pour devenir propriétaire des murs et des 16 machines allant avec : « Heureusement qu’elles étaient encore en état, car à l’unité, elles coûtent 25 000 euros pièce« , ajoute-t-elle. Retardée par des tracas administratifs, Cathy estime qu’il y a un gros travail d’image à faire. Pour le mener à bien, elle bénéficie du concours de son papa, installateur de discothèques et de bars.

La stratégie est claire : l’établissement doit monter en standing. Des couleurs chaudes sont donc choisies pour rendre l’endroit chaleureux. Une baie vitrée donnant sur la ville est également érigée. Tous ces aménagements ont toutefois un coût, 500 000 euros ! Pour financer son projet, Cathy décide de s’associer, à parts égales, avec trois amis, ce qui lui permet d’obtenir facilement un prêt, notamment grâce à l’absence de concurrence sur Mulhouse.Une position de monopole qui durera… 10 jours : « On a appris qu’un bowling allait ouvrir à 20 minutes en voiture du centre-ville« , dit-elle. Qu’importe, son attention est focalisée sur la relance de son établissement. Consciente de la mauvaise réputation de l’endroit, elle met en place un important dispositif de sécurité pour améliorer l’image de marque de l’établissement : plus de baskets après 20 heures, pas de casquettes, etc.

Parallèlement, l’accent est mis sur les services. De nouvelles offres sont instituées comme des formules anniversaires, des buffets d’entreprises et du snacking le midi : « L’objectif est de développer la rentabilité dans les tranches horaires creuses, notamment le midi« , justifie-t-elle. Afin de pérenniser l’activité, Cathy ne néglige aucun public en proposant des tarifs attractifs aux centres aérés : « L’idée est de développer « l’esprit bowling » chez les plus jeunes« , décrypte-t-elle, en avouant s’ inspirer de McDonald’s.

La partie n’est cependant pas encore gagnée, surtout en raison de la concurrence. Il s’agit donc de se faire connaître : « Le cocooning étant très répandu à notre époque, il faut toucher les gens chez eux, précise-t-elle. Nous déployons maintenant les grands moyens avec de la publicité via la radio, le système du tract, du publiportage, etc., même si la communication, c’est un peu une partie de poker« , admet-elle, réaliste.

Même si les premiers résultats ont été plutôt prometteurs avec un CA de 80 000 euros TTC par mois, conforme au prévisionnel, la situation demeure fragile en raison de charges exceptionnelles de copropriété : « Nous sommes dans un centre commercial considéré pendant 15 ans comme la verrue de Mulhouse avec 70 % de cellules commerciales non exploitées. Maintenant qu’un acquéreur s’est manifesté, de grandes enseignes devraient faire leur apparition à l’horizon 2009« , conclut-elle.