Après une expérience non concluante dans l’enseignement, Véronique Thinard se voit proposer de tenir le magasin de jouets que viennent de créer ses parents dans le quartier de la Croix-Rousse. Sans aucune expérience, elle n’hésite cependant pas, en dépit de sa timidité quelque peu handicapante dans son rapport avec la clientèle : “Le produit, la gestion et l’aménagement me plaisaient davantage que la vente, admet-elle. Au début, c’était donc un peu délicat avec les clients.” Petit à petit, Véronique parvient pourtant à vaincre son appréhension et à se faire à son nouveau rôle.
Aussi, lorsque ses parents lui proposent de racheter l’affaire de la rue Gasparin, elle décide d’accepter. L’affaire proposée à Véronique est évaluée à 270 000 euros pour un chiffre d’affaires de 450 000. Pour financer l’opération, elle décide de vendre son appartement qui lui rapporte 85 000.Pour les 185 000 euros manquants, elle sollicite, avec son époux, six établissements bancaires en vue d’obtenir un prêt. Comme souvent dans ces cas-là, ce n’est pas avec la banque qui gère son compte courant que l’affaire se concrétise. Reste à régler la question du personnel. Avec l’arrivée de son mari, désireux d’abandonner son emploi pour venir épauler à temps plein son épouse dans l’affaire, il commence à y avoir embouteillage. Heureusement, l’une des deux employées en CDI décide de partir à la retraite, évitant à Véronique de devoir procéder à un licenciement.
Officiellement propriétaire le 1er janvier 2003, elle avait toutefois souhaité revenir à la boutique de la rue Gasparin dès l’été 2002 pour se (re)familiariser avec l’endroit, plus qu’avec la clientèle, essentiellement de passage : “Nous disposons d’un très bon emplacement où le trafic est très important”, confirme-t-elle. Fidèle au positionnement choisi par ses parents – proposer du jouet traditionnel en bois, des peluches (les Barbies se sont pas les produits mis en avant) – elle a néanmoins réaménagé le magasin pour lui donner une seconde jeunesse.
Dès la première année, les résultats plaident en sa faveur : + 10 % de CA. Des débuts très encourageants, malheureusement vite ternis par un contexte général morose : “J’ai noté une baisse significative du pouvoir d’achat. Le panier moyen aujourd’hui est de 30 euros, alors qu’il était à 50 il y a 5 ans. On vendait des peluches coûteuses sans problème, se souvient-elle. Désormais, les gens demandent systématiquement le prix.” Inquiète ? “Rien n’est jamais acquis. Mais je pense que l’on pourra toujours s’en sortir en proposant des produits différents et originaux.”