Elle reprend une affaire de tailleur à Bordeaux

Pétulante et accrocheuse, Marie Delannoy, alias Anna Morvestir, a repris un commerce d’un genre original, tailleur, à Bordeaux. Récit d’une aventure humaine unique, articulée autour de la transmission du savoir.
Par Sophie MENSIOR -  
Le 28/01/08
C’est l’histoire d’une jeune fille qui refuse d’abandonner son rêves de s’épanouir dans un métier artistique. Fascinée par la couture, elle suit des études dans ce sens qui l’amènent à Bordeaux. Pour valider sa formation, Marie choisit d’effectuer son stage “A la Culotte de Saumur”, tenue par Pedro, tailleur sur mesure civil et militaire. C’est le coup de foudre : “J’ai toujours aimé la couleur brillante, l’uniforme”, justifie-t-elle.

Problème, Pedro n’a pas l’habitude de prendre des stagiaires
. Persévérante, elle insiste jusqu’à ce qu’il accepte. Bien lui en prit. Littéralement sous le charme de cette activité un peu désuète, Marie écoute, apprend au contact d’un homme finalement heureux de pouvoir transmettre son savoir.

Quelques mois après, alors qu’elle s’est envolée vers de nouvelles aventures, il lui annonce sa décision de vendre son affaire. Marie tombe carrément des nues lorsqu’il ajoute qu’il faut que ce soit elle qui reprenne le flambeau : “Il ne m’a même pas dit que je “pourrais” reprendre, mais qu’il “fallait que je reprenne” en m’assurant de son aide”, précise-t-elle.

Passé la surprise initiale, elle décide de tenter l’aventure. Mais elle n’en demeure pas moins sans le sou. Pour les 15 000 euros nécessaires à l’acquisition du fonds, elle passe chez le notaire et contracte un crédit-vendeur. Elle n’est toutefois pas au bout de ses peines.

Le propriétaire des murs ayant l’intention de vendre, elle doit trouver un nouveau local.  Heureusement, elle ne tarde pas à repérer un pas-de-porte situé au 44 rue de Cheverus. Reste encore 15 000 euros à trouver pour acheter le pas-de-porte, régler les frais d’agence, le notaire, et effectuer les travaux réalisés par ses soins pour limiter au maximum les dépenses. Elle bénéficie alors de l’aide de son père.

Tout semble enfin réglé mais sa caisse sonne cruellement vide : “J’avais 1 500 euros de côté qui m’ont permis de me dépanner pour le loyer, détaille-t-elle. Heureusement que j’ai pu, par la suite, habiter au-dessus du magasin, car j’étais dans l’impossibilité d’avoir un appartement”. C’est donc sans trésorerie qu’elle rouvre le magasin en août 2005.

Un démarrage poussif, imputable au déménagement et à l’absence de communication : “Pedro, dont la présence m’est très utile, disposait d’une clientèle fidèle, mais le changement de lieu m’a été préjudiciable. Les clients ont tardé avant de revenir. J’ai réalisé 329 euros de bénéfice sur les 12 premiers mois, indique-t-elle. Je devrais être à 5 000 cette année.”