Il marie librairie et salon de thé

David Gugenheim développe un concept original dans sa boutique amiénoise « Chapeau melon et piles de livres ». On peut y acheter et revendre des livres d’occasion tout en dégustant boissons et gâteaux.
Par Sophie MENSIOR -  
Le 20/08/12
Historien de formation, David Gugenheim se lance d’abord dans le marketing culturel comme consultant. Mais confronté au manque de débouchés dans le secteur, il ressent vite l’envie de créer son affaire. Installé avec son épouse à Amiens, lorsque le bouquiniste de la ville ferme, il se dit qu’il y a un projet à monter dans ce domaine.
A l’image de ce qui  existe déjà dans d’autres villes de France (à Paris, Lille, Blois…), il décide de lancer un salon de thé, qui propose des livres d’occasions. En souhaitant dépoussiérer l’image traditionnelle du bouquiniste. « J’achète et je vends des livres d’occasion à 90 %, je propose quelques livres neufs, en partenariat avec un éditeur amiénois, je me sens avant tout libraire », raconte David Gugenheim.
Il s’agit alors de trouver un local, qui offre la bonne combinaison loyer/surface/situation. « Amiens est une ville globalement chère, indique le repreneur, car le centre-ville est restreint par rapport à la taille de la commune ».
David Gugenheim met un peu plus d’un an pour trouver son local, qui accueillait auparavant un magasin de vêtements indiens et népalais. Il reprend le pas de porte en octobre 2011 pour un montant de 25 000 euros.

Ouverture pour les fêtes
Les travaux commencent pour une ouverture début décembre, ce qui a permis de démarrer pour la période des fêtes et le marché de Noël. « Décembre a été un très bon mois, très encourageant, nous avons eu un bon accueil des clients et par conséquent un bouche à oreille favorable », se souvient-il. Pour se faire connaître, plusieurs outils ont été utilisés : page de publicité dans la presse locale, flyers et page Facebook..
Pour monter son projet, David Gugenheim dispose d’un apport personnel de 30 000 euros mais aussi d’un apport de plus de 8 000 euros de livres, qu’il a constitué au cours des 2 dernières années. L’investissement total se monte à 100 000 euros, et l’entrepreneur effectue un emprunt bancaire de 60 000. Il décroche également un prêt Nacre et l’Accre (Aide aux demandeurs d’emploi créant ou reprenant une entreprise). « Décrocher le prêt fut à la fois difficile et rapide », explique le libraire. D’autant qu’il effectue ses démarches l’été dernier, en pleine crise financière. Il fait le tour d’une dizaine de banques, puis gagne la confiance de BNP Paribas.  « Mon conseiller bancaire était ouvert à ce concept, il avait conscience qu’une clientèle pouvait exister » ajoute-t-il.
Au bout des premiers mois d’existence, le nouveau chef d’entreprise se déclare légèrement en dessous de son prévisionnel, et ne s’octroie pas (encore) de salaire. Cependant, il peut compter sur un certain nombre d’atouts : des charges limitées, des livres en stock et une maîtrise de ses achats.
« Globalement, j’ai entre 3 et  4 000 livres, avec ceux stockés chez moi, cela va jusqu’à 10 000. La gamme est vaste : romans, polars, livres en anglais, livre jeunesse, poésie, histoire, pratique …avec une fourchette de prix de vente qui s’échelonne de 1 à 200 euros ».Un lieu convivial
Plusieurs types de clientèle fréquentent le salon bouquinerie : ceux qui viennent régulièrement voir les arrivages de livres,  ceux qui viennent d’abord boire un thé et prennent des livres et dernière catégorie ceux qui viennent déguster un thé ou un café sans acheter de livres…
La boutique est aussi un lieu d’animations. Tous les vendredis soirs, il se passe quelque chose : conférences, ateliers d’écriture, jeux de société, qui se pratiquent, confortablement installés dans les canapés. « L’important, c’est ce que cela soit convivial », appuie David Gugenheim. Par ailleurs, des expositions d’œuvre d’art (peinture, photos..) viennent agrémenter les murs de la boutique.
David Gugenheim ne ménage pas ses efforts pour développer son affaire car il doit affronter plusieurs obstacles : la concurrence d’Internet sur le livre d’occasion  et la hausse de la TVA, qui est passée à 7 % depuis le mois d’avril dernier.
Face à la puissance du Web, le libraire peut déployer ses atouts : accueil et convivialité, présentation des ouvrages. « Il faut laisser de la place au hasard, sur Internet tous les livres sont rangés de la même façon », estime-t-il.
Quant à la hausse de la TVA, s’il ne la ressent pas encore, il est certain que sa politique de prix va évoluer. « Ce point et demi supplémentaire, il faut que je le rattrape d’une manière ou d’une autre ». Mais pour l’instant, l’heure est plutôt à la fidélisation de la clientèle.