Ils reprennent un café restaurant en perte de vitesse et le relancent

Forts de leur connaissance du milieu nanterrien,  Brahim Id Hamou et Si Mohamed Akennad ont osé reprendre la Chope des Halles, un café-restaurant pourtant en perte de vitesse. Explications d’une réussite pas si surprenante.
Par Sophie MENSIOR -  
Le 26/03/07
Leurs attentes n’étaient pourtant pas identiques au départ. Depuis qu’il est en âge de parler, Brahim ne cesse de clamer son désir d’être commerçant. C’est vers la cuisine qu’il se tourne. Commis de salle, c’est en observant le travail des apprentis cuisiniers que lui vient l’envie de devenir cuisinier.

Fort en gueule, Mo-Mo est à Nanterre chez lui. Gouailleur à l’ancienne, il travaille, depuis sa majorité, sur les marchés ou sa faconde fait merveille. Le business marche bien mais Mo-Mo aspire à se poser : “C’est une activité passionnante mais à l’approche de la quarantaine, il était temps de passer à autre chose” explique-t-il.

Lorsque la rumeur de la mise en vente de la Chope des Halles se répand, il sent la bonne affaire et veut associer son cousin Brahim à l’entreprise. Le restaurant de la Chope des Halles est un établissement en déclin. Tenue par un Italien de 61 ans, l’affaire est en bout de course.L’emplacement, à la lisière de la place du marché, est pourtant attractif : “Vu que je connaissais tous les gens du marché, je savais qu’ils me suivraient si j’ouvrais un bar-restaurant, justifie Mo-Mo. D’autant que l’important dans ce genre d’affaire est d’avoir un bon cuisinier et que Brahim est le plus compétent que je connaissais. Avec rien, il te fait tout ! En plus, c’est un bosseur.

Résolus à tenter l’aventure, les deux cousins ne disposent pas de la somme nécessaire – 40 000 euros – pour acquérir le restaurant mis en vente à 140 000 euros. Ils sollicitent la BNP, qui hésite, avant de leur octroyer un prêt de 79 000 euros. Mais ça ne suffit pas : “Il était nécessaire de faire des travaux car les gens ne venaient plus à cause de la saleté, précise Brahim. Nous avons alors souscrit à un prêt brasseur, de 35 000 euros pour rénover le restaurant et s’assurer un fonds de trésorerie pour démarrer.”

Le 23 juillet 2004, ils prennent possession des lieux. Rapidement, ils se rendent compte qu’il va falloir du temps pour que les gens intègrent le changement de propriétaire : “On a eu du mal au début, le temps que le bouche à oreille fonctionne, reconnaît Brahim. Heureusement, nous n’avions pas de salaires cuisines à sortir.”

Rétrospectivement, c’est au bout de 6 mois qu’ils estiment avoir réussi la première partie de leur entreprise : “Nous sommes parvenus à fidéliser les gens en ouvrant à 5 heures du matin les jours de marché, les mardis, jeudis et dimanches, détaille Mo-Mo qui ne compte pas ses heures. Il faut être là tout le temps, ne jamais être malade, toujours avoir un petit mot pour les clients, une plaisanterie. On est comme un papillon : il faut toujours être d’humeur égale. Parfois, c’est un peu dur.”

Pour Brahim, c’est avant tout le rapport qualité-prix qui est un gage de réussite : “Nous avons privilégié une cuisine pas trop chère à base de produits frais. Il y avait une place à prendre à Nanterre où personne n’a choisi le créneau de la cuisine traditionnelle à prix raisonnables.” Désormais, son souhait est de consolider sa clientèle et de parvenir, progressivement, à la faire monter en gamme : « Une fois que le client est habitué à bien manger, on peut supposer qu’il sera plus enclin à payer 3 ou 4 euros de plus si la qualité est présente au rendez-vous.”