L'"expatrié" tient le café

Originaire de Saumur, Didier Chenoir a racheté, avec sa compagne, l’Hostellerie du Barri, à Lézat-sur-Lèze, un petit village d’Ariège au cœur d’une région où les habitants se sentent tous un peu propriétaires du café-restaurant. Voyage dans la vie d’un bourg du sud de la France.
Par Sophie MENSIOR -  
Le 14/05/07
Pendant 15 ans, Didier Chenoir parcourt la France, mais aussi le monde, notamment le Maroc et la Réunion pour installer des lignes à haute tension. Une vie trépidante jusqu’au jour où sa compagne, Dominique, qui tient une auberge à Saumur, décide de se rapprocher de son village familial, Latrape, en Ariège. Même s’il s’y rend tous les week-ends, Didier, las de ne pas voir grandir son enfant, décide de la rejoindre et se met à la recherche d’un multiservices ou d’un café-restaurant dans la région.

Rapidement, un ami qui vend des jeux dans les cafés l’informe de la mise en vente de l’hostellerie du Barri à Lézat. Ne connaissant pas l’établissement, Didier s’y rend, incognito, en tant que client une première fois en mars 2004. Convaincu, après plusieurs visites et l’examen des bilans, du potentiel de développement de l’affaire, notamment sur la partie cuisine, il se porte acquéreur en décembre de la même année.

Le prix demandé est de 150 000 euros. Didier veut également acheter les murs, estimés par le propriétaire à 135 000 euros. Pour réussir l’opération, il constitue une SCI pour les murs et une SARL pour le bistrot. Détenteur de fonds propres, il emprunte, sans difficulté, 40 % de la somme totale.Nous sommes le 1er avril 2005, et Didier Chenoir, l’expatrié, devient officiellement propriétaire de l’hostellerie du Barri. Un poisson d’avril difficile à avaler pour les purs Lézatois ! “Les clients m’ont testé, reconnaît-il. Ils passaient derrière le bar, faisaient tomber des verres pour voir mes réactions.” Déstabilisé ? “J’ai choisi de le prendre à la plaisanterie, à la dérision, développe-t-il. Mais je ne me suis pas non plus laissé marcher sur les pieds.

La transition toutefois se passe bien, facilitée par la présence du cédant au début : “Le fait qu’il m’ait accompagné dans les premiers temps m’a permis de conserver la majorité de la clientèle”, confirme-t-il.
Volontaire, Didier veut faire évoluer petit à petit l’Hostellerie du Barri. En particulier sur la partie restauration qui représente environ 50 % de son chiffre d’affaires avec une moyenne de 30-35 couverts par jour : “J’ai souhaité proposer une cuisine plus élaborée, avec plus de produits traditionnels”, explique-t-il.

L’objectif ? Améliorer la qualité pour toucher les habitants de Lézat, la clientèle étant, pour l’instant, essentiellement constituée de gens qui travaillent.  Mais la marge de manœuvre est étroite : “Il faut rester sur des prix corrects.” Pour y parvenir, le restaurant est ouvert le vendredi et samedi soir. Et Didier espère que le bouche à oreille fera le reste…