Après une période délicate liée à la récession et aux 35 heures, les fleuristes ont su s'adapter à un marché évolutif marqué par la concurrence des franchises. Découverte d'un métier où se conjuguent exigence professionnelle et sensibilité artistique.

Après une période délicate liée à la récession et aux 35 heures, les fleuristes ont su s'adapter à un marché évolutif marqué par la concurrence des franchises. Découverte d'un métier où se conjuguent exigence professionnelle et sensibilité artistique.
Par Sophie MENSIOR -  
Le 19/05/08
Après avoir accusé une sérieuse baisse de CA, – 18 % entre 2000 et 2004, le secteur connaît actuellement une période de regain économique : « Le nombre de points de vente, 14 000, n’a pas bougé depuis trois ans, indique Robert Farcy, président de la Fédération. En quelques années, beaucoup de fleuristes indépendants ont dû mettre la clé sous la porte, car ils négligeaient l’aspect gestion du métier. « 

Le savoir-faire, s’il reste un préalable fondamental, ne suffit plus dans un marché aussi évolutif et concurrentiel ; un fleuriste, pour exister aujourd’hui, doit également être un chef d’entreprise avisé. Le secteur a évolué vers un professionnalisme nourri d’une créativité permanente. Dans leur volonté de convaincre un large public, les fleuristes bénéficient d’un air du temps plutôt sensible à l’éloge de la nature et des éléments.

« Les gens recherchent un bien-être, une sensibilité, une émotion, du naturel, observe Robert Farcy. Cette fibre écologique que l’on sent naître dans la société, elle s’incarne parfaitement dans les fleurs et les plantes. » Revers de la médaille, la mutation de cette demande a pour conséquence d’alourdir la charge de travail. D’où un besoin de personnel qualifié pour répondre aux exigences des consommateurs.

Mais il n’est pas obligatoire de disposer d’un CAP ou d’un BP pour acheter un fonds de commerce. Gérard Baesler, fleuriste à Anthony, le regrette vivement : « Beaucoup de non-professionnels vendent des fleurs comme des fromages, et polluent l’offre sur le marché. En général, ils ne tiennent pas très longtemps, mais causent énormément de tort à la profession. »

Car les indépendants n’ont plus le choix aujourd’hui s’ils veulent résister à la concurrence des franchises et à leur politique de bas prix. À cela s’ajoute le problème endémique de la hausse des loyers dans les centres-villes. Robert Farcy voit dans cette fatalité une manière de proposer de nouveaux services : « Les points de vente de taille intermédiaire ont disparu des centres-villes au profit des marques qui veulent se placer sur les grandes artères, analyse-t-il. En revanche, on voit éclore des magasins de taille réduite, sans personnel, axés sur l’événementiel, avec moins d’investissements au départ. »

Pour compenser la baisse de vente par impulsion, de nombreux fleuristes utilisent également l’outil Internet. Une marque comme Interflora a, par exemple, doublé ses commandes en une année. Et ce n’est qu’un début, comme l’assure Gérard Baesler : « Internet, c’est sans aucun doute une piste à creuser dans les années à venir. En plus de nous offrir une deuxième vitrine, ça va nous permettre de développer une autre clientèle.«