A une époque où le paraître fait office de valeur absolue, la coiffure est un secteur de la mode qui se porte bien. Même s’il commence, à son tour, à être victime de l’éphémère. L’écoute reste son meilleur atout pour fidéliser sa clientèle.

A une époque où le paraître fait office de valeur absolue, la coiffure est un secteur de la mode qui se porte bien. Même s’il commence, à son tour, à être victime de l’éphémère. L’écoute reste son meilleur atout pour fidéliser sa clientèle.
Par Sophie MENSIOR -  
Le 20/08/07
La coiffure a de beaux jours devant elle. Pourquoi ? Tout simplement parce que les gens auront toujours besoin de se faire couper les cheveux. Cependant, le métier a beaucoup changé en 15 ans : “On est passé du salon “Ginette” au salon design. L’apparition de la franchise a contribué à changer, positivement, l’image de la coiffure”, explique Pierre Martin, président de la Fédération nationale de la coiffure.

Avant on allait chez le coiffeur pour se faire belle”. Maintenant, les clients ont envie d’être bien dans leur peau et de pouvoir se recoiffer facilement. Nous faisons donc moins de coiffures sophistiquées » , poursuit Philippe Touron, installé à Courbevoie depuis 1989. Si la coiffure demeure un secteur qui se porte bien, il a néanmoins souffert, comme les autres, d’une conjoncture économique morose : “Depuis deux ans, c’est atone, avoue Pierre Martin. La coiffure n’étant pas indispensable, les visites se sont réduites.”

Face à une fréquentation en baisse, les professionnels ont besoin d’un volume de clientèle plus important : « Avec quatre employés à temps plein, nous devons coiffer 200 clients par semaine pour que mon affaire soit rentable, soit 7 000 euros de chiffre d’affaires, précise Philippe Touron. Il y a 15 ans, le critère essentiel était la qualité. Aujourd’hui, c’est le prix. Pour gagner en temps d’exécution, et donc augmenter le nombre de clients, on a cherché des techniques minimalistes et simples.” Sans pour autant négliger le service : “Les clientes ne viennent plus pour un shampoing ou une mise en plis. Il faut, au contraire, proposer des choses plus techniques qu’elles ne peuvent pas faire à la maison », observe Claude Lassiège, installée à Paris.

Une évolution en lien avec l’engagement plus important des femmes dans la société : “Elles travaillent davantage, elles ont moins de temps et donc besoin de services plus rapides”, ajoute Pierre Martin. Ce qui ne va pas sans poser des problèmes de gestion humaine : “Le management est fondamental dans la profession, car on ne vend pas un produit, mais un service, explique Philippe Touron. Le client vient pour la personne qui le coiffe.” Le coiffeur doit être disponible et d’humeur constante : « Les clients ont l’impression qu’en leur enlevant des cheveux, on leur retire leurs soucis, analyse Pascal Raffy-Buge, installé à Brive. Nous sommes là quasiment dans une thérapie ! La première psychologie non reconnue, c’est la coiffure.

Afin d’accueillir les clients dans un environnement satisfaisant, il a fallu relooker les salons : “Ils veulent se sentir un peu comme chez eux, justifie Claude Lassiège qui a refait quatre fois son magasin en 38 ans. L’éclairage est très important. Et puis, étant dans un métier de mode, on ne peut pas se permettre d’être à la traîne.” “La physionomie des salons a complètement changé, note Pierre Martin. Le mobilier, le décor est très clair, épuré, quasiment médical.”

Avec 4 500 nouveaux chefs d’entreprise chaque année, dont 1 790 repreneurs, la coiffure est un secteur hautement concurrentiel. Pour le président de la Fédération, c’est presque la moitié de son temps que l’on doit consacrer à la partie commerciale : “Il faut examiner la manière dont on doit faire venir le client, comment le fidéliser, avertit-il. Vu l’évolution de la profession, il n’est plus suffisant d’être diplômé.” La coiffure reste tout de même un secteur de passionnés où les faillites sont rares : “Si vous vous en donnez les moyens et le temps, c’est un très grand métier où l’on gagne bien sa vie”, conclut Pascal Raffy-Buge.