Après de nombreux soubresauts ces dernières années, le métier d'agent immobilier est en passe d'être régulé avec l'adoption de la loi Alur. Dans cet univers concurrentiel, les indépendants ont leur carte à jouer à condition qu'ils ne restent pas isolés et qu'ils se spécialisent.

Après de nombreux soubresauts ces dernières années, le métier d'agent immobilier est en passe d'être régulé avec l'adoption de la loi Alur. Dans cet univers concurrentiel, les indépendants ont leur carte à jouer à condition qu'ils ne restent pas isolés et qu'ils se spécialisent.
Par Sophie MENSIOR -  
Le 28/04/14
« Aujourd’hui, le métier d’agent immobilier est en pleine mutation réglementaire avec la loi Alur. Il va être plus régulé donc plus difficile d’accès », indique Jean-François Buet, président de la Fnaim (Fédération nationale de l’immobilier), un des principaux syndicats du secteur regroupant 12 000 adhérents, dont la très grande majorité sont des indépendants.

La loi Alur, qui comprend de nombreuses dispositions, a été définitivement adoptée par le Parlement le 20 février dernier et ses décrets sont attendus pour l’été. Son objectif : donner une meilleure image de la profession. Depuis la loi Hoguet de 1970, la réglementation n’a pas évolué, cette nouvelle loi va la modifier profondément. Cette évolution est indispensable car l’attente des consommateurs n’est plus la même.
Parmi les modifications prévues par la loi Alur (accès au logement et un urbanisme rénové) : les cartes professionnelles nécessaires pour exercer ce métier ne seront plus délivrées par la Préfecture mais par les CCI (Chambre de commerce et d’industrie).

Quel est le visage de ce marché aujourd’hui ?

Le nombre d’agences immobilières varie entre 30 et 33 000. Il est difficile d’avoir des données exactes. Les raisons à cela : jusqu’en 2006, la carte professionnelle devait être renouvelée tous les ans. Depuis cette date, elle doit l’être tous les 10 ans, donc les chiffres sont moins précis.
Trois métiers sont généralement distingués : la transaction, qui est en quelque sorte la face connue de l’iceberg, la gestion locative et le syndic de co-propriété.  Sachant qu’il existe trois cartes professionnelles correspondant à ces métiers « Il sera possible d’en avoir une, deux ou les trois », souligne Jean-François Buet. Autre nouveauté de la loi Alur : une obligation de formation, préalable et continue, s’imposera à tous les titulaires d’une carte professionnelle. « Cela va dans le sens d’une professionnalisation du métier », se félicite le président de la Fnaim.

Depuis 2008, il y a disparition d’un certain nombre d’agences :

Le processus n’est pas forcément terminé. « Ceux qui ont pu tenir sont ceux qui avaient une spécialisation par thème (vente de fonds de commerce, locaux commerciaux, immobilier de prestige…) ou par secteur géographique », estime Bruno Brosset, président de Brosset Immobilier, groupe basé dans le centre de la France. « Une petite structure ne peut exister qu’à la condition qu’elle se spécialise », estime-t-il.

Pour tenir face à la crise, ces agences ont du s’adapter :

Soit en termes d’horaires, avec de grandes amplitudes d’heures de travail, soit en termes de qualité de service. « Les indépendants ont leur carte à jouer mais ils doivent bien identifier ce qu’ils peuvent apporter aux consommateurs », estime Bruno Brosset, ardent défenseur de cette catégorie. Pour résister sur ce marché, il ne faut pas rester seul dans son coin et il est recommandé d’échanger avec ses confrères.

Avec l’arrivée d’Internet, ce marché a fortement évolué :

« Son intérêt est de pouvoir mettre à la disposition des consommateurs le maximum d’informations. Mais les clients continueront toujours à acheter de la même façon, il faut une rencontre physique entre les parties », assure Hervé Kermarrec, président du groupe Kermarrec Immobilier. Nul doute que le conseil a encore de beaux jours devant lui. Pour cela, l’agent immobilier devra déployer des qualités humaines et relationnelles, tout en étant fin négociateur et bon commercial. Plus que jamais, il devra faire preuve de réactivité, avoir des compétences de gestionnaire et se tenir au fait des réglementations en vigueur, qui sont nombreuses…