En à peine 20 ans, la profession a connu des bouleversements très importants. La concurrence, sous différentes formes, a notamment fait son apparition. A commencer par les chaînes intégrées. Bousculés par ces véritables machines commerciales, les “purs” indépendants, encore 9 000 en France, ne disposent plus que de 33 % du parc. Ils ont, en outre, dû compter avec l’avènement des résidences de tourisme, chambres d’hôtes et autres gîtes.
L’hôtellerie traditionnelle, quoique très bien implantée dans notre pays, en a payé les pots cassés : “Les hôtels trop petits, en dessous de 35 chambres, rencontrent de grosses difficultés dues à la lourdeur des charges fixes”, estime Mark Watkins, président de Coach Omnium. Un avis partagé par Roland Heguy, le représentant de l’hôtellerie à l’UMIH : “Les petits établissements sont pénalisés, détaille-t-il. Il leur est difficile d’investir pour se mettre aux normes. Or l’hôtellerie est une entreprise très capitalistique où il faut mettre de l’argent pour ne pas perdre pied.”
Pour s’en sortir, les indépendants doivent concentrer leurs efforts sur la qualité : “C’est là-dessus que se fait la différence, pronostique-t-il. Le client est devenu de plus en plus exigeant. Tous les services en plus, comme le wifi dans la chambre, sont de nature à le rassurer.” Une étude, réalisée par Coach Omnium, sanctionne un sérieux retard de modernité en termes d’équipement et de confort, par rapport à l’évolution des modes de vie et de l’équipement des foyers.
“La société a évolué de manière faramineuse en 15 ans, argumente Mark Watkins. Les hôteliers sont dépassés en termes d’équipement des salles de bains, de literie, de qualité des téléviseurs. La clientèle se trouve aujourd’hui moins bien à l’hôtel que chez elle, alors que c’était l’inverse avant.” Le client voyage, de surcroît, beaucoup plus, ce qui lui permet de comparer les prix, la qualité et le service.
Reste que les hôteliers indépendants ont bien relevé la tête : “La majorité a compris qu’il fallait faire des efforts sur l’hygiène, les services et le confort », rassure Roland Heguy. Une mise à niveau qui a tardé, faute d’un référencement suffisamment rigoureux, le critère de qualité n’étant pas intégré jusqu’à présent. “On a obtenu la réforme des normes hôtelières complètement inadaptées à l’évolution de la clientèle. Un hôtel sale, par exemple, ne se voyait pas retirer d’étoile !” étaye Mark Watkins.
Les indépendants sont aussi vivement encouragés à… ne pas le rester ! Face aux chaînes intégrées, très bien structurées, des chaînes hôtelières volontaires ont été créées, comme Logis de France, afin de proposer une meilleure communication aux hôteliers indépendants. Pour le vice-président de l’UMIH, l’avenir est au rassemblement : “Pour s’en sortir, il faut adhérer à un groupement, prévient-il. L’hôtelier ne peut plus rester seul : il a besoin d’être bien référencé, donc d’être en réseau.”
L’hôtelier ne peut plus se passer d’Internet : “Le site Web est indispensable, insiste Roland Heguy. S’il est vieillissant, il doit être rénové.” Il doit être irréprochable, tant d’un point de vue esthétique que fonctionnel. Pour Pierre Guéret, installé à Rouen, l’indépendant a tout à y gagner : “On a sauté l’intermédiaire représenté par l’agence de voyages. Il faut donc aller chercher le client en direct, être plus actif, s’enthousiasme-t-il. Internet permet d’avoir un site marchand au meilleur prix.”