Profession longtemps préservée de la concurrence, l'optique fait aujourd'hui l'objet de nombreuses convoitises. Mais l'opticien traditionnel a encore de beaux jours devant lui s'il ne déroge à sa mission, qui doit rester avant tout médicale.

Profession longtemps préservée de la concurrence, l'optique fait aujourd'hui l'objet de nombreuses convoitises. Mais l'opticien traditionnel a encore de beaux jours devant lui s'il ne déroge à sa mission, qui doit rester avant tout médicale.
Par Sophie MENSIOR -  
Le 02/10/07
“La vue est le sens que les Français voudraient en priorité ne pas perdre”. Cette affirmation, signée Alain Gerbel, président de la Fédération nationale des opticiens de France, souligne l’importance que la société confère à la mission de service public que les opticiens rendent aux usagers : « La demande du consommateur est d’être le mieux corrigé et d’avoir le maximum de confort possible« , note-t-il.

Le métier a, toutefois, évolué avec l’avènement des enseignes. Sur 9 500 points de vente, 4 000 étaient, en 2005, franchisés pour un volume d’affaires, qui oscille autour de 36 %, équivalent à celui réalisé par les indépendants. L’émergence de ce mode de distribution a également modifié l’image de l’opticien : « Les enseignes ont tenté de « casser » l’identité de l’indépendant en “mercantilisant” le secteur « , considère Jacques Vigne, le président de l’Union des opticiens.

Pour faire face, les opticiens indépendants ont été tentés de copier le modèle Afflelou, mais ont surtout réussi à s’allier au sein de centrales d’achats. Bien que le secteur déplore quelques faillites, la profession, d’après Jacques Vigne, est en bonne santé : « Les marges ne se sont pas beaucoup effritées. Même un indépendant situé dans un petit village a toutes les chances de bien s’en sortir.”

Le principal atout des opticiens indépendants réside dans la fonction médicale que lui octroient les patients. La grande distribution a échoué dans sa tentative d’appropriation du marché : « On ne confie pas ses yeux à n’importe qui« , justifie Jacques Vigne. « L’optique reste toujours dans un dispositif médical, approfondit Alain Gerbel. Si l’on peut améliorer son image en corrigeant sa vue, tant mieux. Mais on ne met pas des lunettes pour le plaisir.”

L’évolution du matériel a également considérablement changé la donne : « Les verres, maintenant en matière organique, sont légers et permettent à l’opticien de proposer des montures plus sophistiquées, légères et ergonomiques qui s’adaptent aux consommateurs« ,  ajoute-t-il. L’arrivée du titane a également révolutionné l’optique permettant aux créateurs de se développer, à certains malades d’être soignés, et aux sportifs de pratiquer leur discipline sans être handicapés.

Enfin l’emplacement ne doit pas être négligé. Si Eric Bénazet revendique 50 % de son CA réalisé grâce aux clients que lui envoie l’ophtalmologiste installé près de chez lui, la proximité avec un praticien n’est pas forcément un avantage : « 50 % de la clientèle vous choisira en fonction de votre proximité, avance Alain Gerbel. Il vaut mieux avoir une pharmacie plutôt qu’un ophtalmo près de votre boutique. Il ne faut pas non plus négliger le bouche-à-oreille.”