Même s’ils sont de moins en moins nombreux, les parfumeurs indépendants résistent. Aujourd’hui avec 390 points de vente (ils étaient encore 2 400 en l’an 2000), ils ne représentent plus que 5 % des parts de marché. Ce sont les grandes chaînes nationales (Sephora, Marionnaud, Douglas-Nocibé), qui détiennent le haut du pavé avec 76,6 % de PDM, les franchises et groupements (Beauty Success, Passion Beauté…) en détiennent 10 % suivis des grands magasins avec 8,7 % de PDM.
« Bon nombre de points de vente indépendants ont à la fois une activité parfumerie et esthétique, c’est indispensable aujourd’hui. Sinon, ils n’auraient pas assez de trafic », précise Jasmine Petiot, vice-présidente de la FFPS (Fédération française de la parfumerie sélective).
Si les indépendants sont encore là, c’est qu’ils ont su diversifier, en ajoutant d’autres canaux de vente. Par exemple, en créant leur site Internet ou en prospectant les Comités d’entreprise via des catalogues de leurs produits. « Cela a permis de tenir par rapport aux actions commerciales menées par les grandes chaînes », estime-t-elle.
Autre levier possible : la mise en circulation d’une carte de fidélité, qui permet de retenir les clientes, notamment celles qui viennent pour les soins esthétiques.
Avec les années de crise, les comportements des clientes ont évolué : elles viennent moins régulièrement en institut de beauté et s’orientent vers d’autres formules comme les spas.
Pour ouvrir une parfumerie avec un institut de beauté, il faudra être répertorié à la Chambre des Métiers, et les esthéticiennes devront posséder au minimum un CAP. Ces dernières années, la tendance est l’évolution vers un BAC Pro.
Autre point à savoir : il s’agit d’un métier à forte saisonnalité. Environ 40 % des ventes sont réalisées lors des deux derniers mois de l’année (en novembre-décembre). Les deux autres pics d’activité étant la Saint-Valentin et la Fête des Mères.
En cas de reprise, il faudra procéder à l’évaluation du fonds de commerce. Le Memento Evaluation des Editions Francis Lefebvre donne une fourchette de valeurs de 65 à 100 % du CA TTC par an.
L’évaluation dépendra également de l’état du magasin, de l’emplacement, de l’environnement…mais aussi des contrats de distribution avec les marques. Celles-ci évaluent les parfumeries où elles sont distribuées environ tous les deux à trois ans. Si l’environnement ou l’état du magasin ne leur convient pas, elles risquent de déreférencer le point de vente.
Se lancer dans la parfumerie aujourd’hui nécessite d’importants moyens financiers. Il faudra disposer d’un minimum de 100 000 euros pour faire les travaux afin que le point de vente présente les critères qualitatifs requis par les marques. Etape suivante : l’achat des stocks, ce qui nécessite au minimum 150 000 euros. Le parfumeur sera dans l’obligation de référencer la totalité du catalogue de la marque. « La parfumerie nécessite un stock colossal, qui augmente en permanence. Nous sommes obligés de référencer toutes les nouveautés », commente Laurence Ritz, qui possède trois boutiques. Pour elle, il est difficile pour un indépendant de s’en sortir tout seul, celui-ci devra avoir les reins solides.
Pour autant, les indépendants n’ont pas dit leur dernier mot et certaines expériences de détaillants (Ombres portées, Sens Unique…), qui ont fait le choix de se spécialiser dans des marques alternatives, n’ont pas dit leur dernier mot…